Mi-homme mi-animal, je suis assis en tailleur, le dos au mur, dans cette chambre sombre où j?ai les yeux rougis par l?alcool ; mes mains tiennent une feuille de papier, à la lueur orangée d?une bougie, mes yeux déchiffrent le message.
Dans l?antichambre, je t?entends arriver, tes pas se faufilant sur le sol sombre tel un présage, puis je te vois entrer, tes cheveux mi-longs-blond-roux auréolant ton visage cuivré, tes yeux cernés de khôl me regardant fixement avec sagesse et sagacité.
Mais pourtant cette nuit, je ne tiendrai pas debout et tu ne seras pas monumental :
les mèches de tes cheveux blond-roux sont pourtant prêtes à s?enflammer,
les reflets brun-doré de ta peau à s?embaumer,
ta bouche, rouge, à m?embrasser,
tes bracelets pierre-de-feu à me consumer,
ton c?ur et le mien tout-entiers prêts à être éviscérés.
Dans la nuit, tu me dis des mots avec bienveillance, tu me regardes avec sollicitude de tes yeux d?homme au corps de lion, mais je n?ai les moyens de conserver que le souvenir de ton prénom, alors, c?était écrit, tu dois repartir.
C?était notre horoscope, Ziad, que je déchiffrais sur cette feuille de papier, mais je l?ai déchiré. Puis, de mes yeux émaciés, je t?ai regardé t?en aller vers un fleuve au sang couleur, le Nil.