Son petit ami dévoré par un berger allemand durant la guerre. :o( -14/06/2003-

par robin001   


A LIRE !
Ce sont mes recherches personnelles pour vous, même si ça peut paraître long, lisez le entièrement ou imprimez le, cela va de votre devoir de ne pas oublier ce qu’il s’est réellement passé durant le siècle dernier. On vous a longtemps apris « nos ancètres les gaulois » à l’école, ici ce qui suit c’est votre HISTOIRE, votre passé. Selon tous les auteurs contemporains la barbarie nazie perpétrée contre les homosexuels ne figure quasiment jamais dans les livres d'histoire. Raison de plus pour prendre le temps de lire mes recherches.

« Si j'admets qu'il y a 1 à 2 millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8% ou 10% des hommes sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. À long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel... Un peuple de race noble qui a très peu d'enfants possède un billet pour l'au-delà : il n'aura plus aucune importance dans cinquante ou cent ans, et dans deux cents ou cinq cents ans, il sera mort... L'homosexualité fait échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement; elle détruit l'État dans ses fondements. Nous devons comprendre que si ce vice continue à se répandre en Allemagne sans que nous puissions le combattre, ce sera la fin de l'Allemagne, la fin du monde germanique.»

(Discours du chef nazi HimmIer sur l'homosexualité prononcé le 18 février 1937)

« II faut abattre cette peste par la mort.»
(Discours d'HimmIer sur l’homosexualité du 16 novembre 1940)


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Arrestation d’un jeune homosexuel français de 17ans par la Gestapo le 2 Mai 1941 :

Pierre Seel est né le 16 août 1923 à Haguenau, en Alsace. Convoqué à la Gestapo de Mulhouse, le 2 mai 1941, il est arrêté le lendemain, et emprisonné jusqu'au 13 mai. Au cours d'un interrogatoire un officier allemand lui met sous les yeux une déclaration signée trois ans plus tôt, à la suite du vol de sa montre. Le square dans lequel il avait été agressé était le lieu de rendez-vous homosexuel de la ville. Il avait été fiché par la police de la ville, alors qu'il était venu porter plainte. Pour un plaisir mille douleurs." La citation de Villon qui ouvre le récit de Pierre Seel (1) résume la trajectoire de cet homme marqué à jamais par la cruauté nazie. Le destin de ce jeune Alsacien de 16 ans bascule un jour de 1939. Alors qu'il faisait des rencontres dans un square à Berlin, Pierre Seel se fait voler sa montre par un inconnu. Il dépose plainte au commissariat de la ville. En divulguant le lieu du forfait à l'officier de police, le jeune homme était loin de penser dans quel engrenage il mettait le pied. Quelques mois après l'invasion allemande, en automne 1940, il reçoit l'ordre de se présenter au quartier général de la Gestapo. Parmi les archives abandonnées par la police française, les Nazis trouvent sa déposition de vol, ainsi que la mention de son homosexualité. Avec une douzaine de congénères, Pierre Seel est arrêté. Il subit des tortures effroyables pendant 13 jours et 13 nuits, avant d'être déporté au camp de concentration de Schirmeck, à 30 km de Strasbourg. "L'horreur et la sauvagerie étaient la loi ». Très vite, je suis devenu une ombre silencieuse et obéissante", confie-t-il. "Il n'y avait pas de solidarité avec les homosexuels, qui étaient considérés la classe la plus basse. Les détenus entre eux les prenaient comme cible", poursuit-il. Un matin, alors que les prisonniers sont rassemblés dans la cour, Pierre Seel reconnaît son ami Jo, le garçon de 18 ans qui fut son premier amour. Ce dernier est battu, déshabillé et coiffé d'un seau de métal. Puis les Nazis lâchent leurs chiens. Impuissant, Pierre Seel assiste à l'exécution de son ami, dévoré par une meute de bergers allemands. "Depuis 50 ans, cette scène de barbarie défile sans cesse devant mes yeux. Je n'oublierai jamais l'assassinat de mon ex petit ami", raconte-t-il les larmes aux yeux. Un mouchoir sur la bouche
De retour à la vie civile, le cauchemar a continué. "L'homosexualité était synonyme de honte et de péché mortel dans la société catholique et bourgeoise d'après-guerre", raconte-t-il. Pour tenter d'oublier son ami Jo et des penchants affectifs qui faisaient de lui un paria, Pierre Seel décide de se marier. "Je voulais vivre comme les autres", dit-il. Devenu directeur de société, il restera marié pendant 28 ans, et aura 4 enfants. "Mais je n'ai jamais oublié ma vraie nature et mon ami Jo. Je pleurais chaque fois que je faisais l'amour à ma femme. Le spectre de Jo me hantait."

"Pendant 40 ans, j'ai vécu avec un mouchoir sur la bouche", avoue Pierre Seel. Il aura fallu les attaques homophobes de l'évêque de Strasbourg à l'occasion d'une réunion de l'ILGA en 1982 pour qu'il sorte enfin du silence dans lequel il s'était emmuré. Il publie une lettre ouverte pour répondre aux propos offensants de l'évêque qui traitait les homosexuels "d'infirmes", s'exposant ainsi au regard de sa famille, à qui il avait toujours caché son amour des garçons.

Depuis, de commémoration en conférence et de pays en pays, Pierre Seel se bat pour la reconnaissance de la déportation des homosexuels par le régime nazi, et dénonce le traitement qu'ont subi les gays à la Libération: au même titre que les criminels, ils n'ont pu demander ni indemnisation ni reconnaissance, et se voyaient forcés de retrouver leur rang de clandestin dans la vie civile. Certains ont même été remis en prison pour leur vice. Il faut savoir que le fameux paragraphe 175 du code pénal allemand qui punissait l'homosexualité - à l'origine de l'arrestation de Pierre Seel - n'a été abrogé qu'en 1969. Après la guerre, en France, la loi de 1942 signée par Pétain devient l'article 331 du code pénal. Et en 1960, l'amendement Mirguet classe l'homosexualité "fléau social" et donne au gouvernement le droit de légiférer par décret pour la combattre. Ce n'est qu'à l'arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 que les autorités françaises ont cessé de ficher les homosexuels

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Historique :
Dans l'Allemagne nazie, le 8 mars 1933, les premiers camps de concentration ouvrent leurs portes. Berlin, qui était considéré comme la capitale de la liberté homosexuelle(plus de 40 bars homos, l’Eldorado gigantesque dancing homo…) , devient le théâtre d'une active répression : les boîtes de nuit, les lieux de rencontre, les cafés et les bars homosexuels sont fermés, et les hommes et les femmes qui les fréquentaient sont arrêtés, incarcérés ou déportés. Les nazis ont entrepris de purifier l'Allemagne de ce qu'ils considèrent comme une gangrène sociale. Dès le début de la guerre, les homosexuels raflés dans les pays et les régions annexés par le Reich sont soit internés soit transférés vers des camps de concentration. Bon nombre d'entre eux seront placés en détention au terme d'une décision administrative et non judiciaire. Certains, au sein de l'armée, de l'administration ou autres corps d'élite nazis seront exécutés sans autre forme de procès. L'objectif des nazis n'est pas, comme dans le cas d'autres minorités, d'exterminer les homosexuels. Il s'agit essentiellement de modifier par le chantage, la contrainte et la force si nécessaire le comportement d'asociaux incapables de procréer. La science elle-même est mise à contribution : de nombreuses expériences "médicales", parmi lesquelles des implantations de glandes synthétiques, sont effectuées sur les déportés homosexuels dans le but de les ramener à la normalité. En 1939, Heinrich Himmler autorise les commandants de camp à faire pratiquer des castrations sur les déportés homosexuels. Bon nombre d'entre eux mourront des suites de ces interventions. Dans les camps nazis, les déportés homosexuels doivent porter un triangle rose, pointe tournée vers le bas, qui les identifie comme tels. La hiérarchie concentrationnaire les place au plus bas de l'échelle sociale des camps, ce qui ne leur permet guère d'entretenir des relations d'entraide avec les autres déportés et d'améliorer ainsi leurs chances de survie. Victimes expiatoires toutes désignées puisque déjà mises au ban de la société non carcérale, les homosexuels sont, à l'instar des Tziganes, astreints aux travaux les plus durs et les plus dégradants. De fait, statistiquement, le taux de mortalité de ces déportés est parmi les plus élevés des camps. A la fin de l'année 1944, les premiers camps sont libérés par les Alliés. L'extrême confusion qui règne alors en Europe et l'amalgame fait autour du phénomène concentrationnaire laissent présager des difficultés auxquelles les déportés homosexuels vont être confrontés pour faire admettre leur statut de victimes de la barbarie nazie. Pour beaucoup d'entre eux, en effet, le retour à la liberté s'accompagne d'une autocensure justifiée par une législation hostile toujours en vigueur (parfois héritée des régimes totalitaires tout juste défunts) et la difficulté, sociale, familiale, professionnelle, de divulguer le motif exact de leur déportation. Après la guerre, la très grande majorité des déportés homosexuels a disparu dans l'anonymat. L'absence de reconnaissance officielle de cette déportation spécifique, l'absence jusque dans les années soixante-dix d'un militantisme homosexuel constitué, le silence des intellectuels et le peu d'intérêt des chercheurs et des historiens pour "une question qui n'existe pas" ont longtemps occulté une réalité qui s'est peu à peu estompée dans la mémoire collective. De nombreuses associations militent aujourd'hui dans le monde pour que les mêmes raisons homophobes n'emportent pas à tout jamais le témoignage des oubliés de l'Histoire que sont les déportés homosexuels. Parallèlement, des chercheurs, des historiens ont exhumé des archives et des documents. Et avancé des chiffres : selon le United States Holocaust Memorial de Washington, 90 000 à 100 000 homosexuels ont été arrêtés entre 1933 et 1945. 10 000 à 15 000 d'entre eux ont péri dans l'univers carcéral et concentrationnaire nazi.

Faut-il considérer comme digne de mémoire et de respect la déportation des uns et comme ignominieuse la déportation des autres ? Le silence qui entoure la déportation des homosexuels, comme celle des Tziganes, des francs-maçons, des malades mentaux, des handicapés, des témoins de Jéhovah, peut en effet faire penser à une approbation tacite. Et cette désagréable impression demeurera tant que persistera cette occultation sélective de la mémoire officielle qui continue d'imposer l'indifférence...
Après la guerre, les poursuites d'homosexuels ont été nettement moins intensives en RDA qu'en RFA, ou bien sûr qu'en URSS. Associations et publications homosexuelles étaient en revanche interdites en RDA jusqu'en 1988, alors qu'elles se sont vite recréées à dans l'allemagne de l'ouest de l'après-guerre.
A l'est, la RDA a également repris ce paragraphe 175 jusqu'en 1968, mais dans sa version d'avant 1935: nettement moins sévère, elle ne punissait que les actes sexuels avérés.
Au début des années 1950, un juge ayant déjà fait condamner près de 400 homosexuels entre 1938 et 1939, lança une véritable "chasse à l'homme" à l'aide d'un prostitué. Il fit ainsi arrêter une centaine de clients. Au moins cinq homosexuels ainsi traqués se seraient alors suicidés.
Entre 1950 à 1965, ce serait au moins 45 000 homosexuels qui auraient ainsi été condamnés en vertu du paragraphe 175 du code penal.

Ce n'est qu'en 1969 que le paragraphe 175 a été adouci : les relations entre hommes consentants de plus de 21 ans n'étant dès lors plus condamnables. Ce texte a ensuite totalement disparu en 1994, à la faveur de la réunification.
«Dans ce contexte de poursuites, jusqu'en 1969, les homosexuels n'ont pu faire le travail de mémoire que les survivants juifs ont entamé sitôt après la guerre, observe Karl-Heinz Steinle, expert au Musée homosexuel de Berlin. Comment aurait-on pu demander réhabilitation? Les condamnations étaient considérées comme justes !» Il aura fallu attendre 1954 pour qu'un journal associatif publie le premier récit d'un homosexuel déporté à Sachsenhausen, sous pseudonyme. «De 1945 jusqu'aux années 1960, nous avons un grand trou, poursuit l'expert du Musée de Berlin. La persécution se poursuivant, les gens ne prenaient pas de photos ou brûlaient les documents qui auraient pu les compromettre. Nous le constatons chaque fois que nous préparons une exposition sur ces années: les seuls chez qui l'on retrouve des archives sont généralement des hommes mariés, qui se cachaient derrière une façade bourgeoise.» En 2000, soit cinquante cinq ans environ apres la fin de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne tente enfin de se repentir : le Bundestag (parlement allemand) vote une résolution appelant le gouvernement à préparer une loi pour réhabiliter les dizaines de milliers d'hommes condamnés pour homosexualité entre 1935 et 1945. «Cinquante-cinq ans après, il ne reste quasiment plus de survivants», constate Günter Dworek, cheville ouvrière au Bundestag de cette réhabilitation. «Nous demandons donc au gouvernement d'envisager plutôt une indemnisation collective, au profit des mouvements homosexuels détruits par les nazis.»Le Bundestag exprime son «regret» pour les condamnations intervenues jusqu'en 1969. Concernant les condamnés de 1945 à 1969, «aucune réhabilitation ne semble toutefois possible», explique Günter Dworek, la Cour constitutionnelle fédérale ayant jugé l'article «conforme au droit» en 1957.

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Ce n’est pas gagné pour autant, faites des effort vous aussi. Pensez à ce malheureux Pierre qui a perdu ses amis gazés. Ne vous cantonnez pas dans votre petit bonheur personnel, Allez manifester à la Gay Pride ce VENDREDI 20 JUIN.



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staline et hitler contre les homos! du 05/05/2004

Une histoire enfin parce que l'histoire des homosexuels en Russie et en URSS reste mal connue et que plusieurs "enjeux de mémoire" s'articulent autour de son interprétation:
Un enjeu "identitaire" tout d'abord: les homosexuels russes eux-mêmes connaissent mal "leur" histoire, histoire qu'ils se réapproprient aujourd'hui.

Un enjeu "politique" ensuite: le débat sur la question de l'homosexualité s'organise en Russie plus qu'ailleurs autour d'argumentations tirées de l'histoire, signe sans doute que ce débat est encore relativement "jeune" en Russie (il s'agit notamment pour les homosexuels russes de réfuter la thèse véhiculée par le régime et encore largement répandue aujourd'hui en Russie, selon laquelle "il n'y a jamais eu d'homosexuels en URSS").

Un enjeu "scientifique" enfin pour l'historien: peut-on identifier une spécificité soviétique/russe dans la répression? Cette spécificité explique-t-elle, d'une part, la persistance d'une hostilité marquée envers les homosexuels au sein de la société russe aujourd'hui et, d'autre part, la faiblesse de la revendication des associations gay et lesbiennes russes ?
Une condamnation plus morale que juridique

La Russie médiévale était relativement tolérante vis-à-vis des pratiques homosexuelles. Les relations sexuelles entre personnes de même sexe étaient considérées comme un péché par l'Eglise orthodoxe et condamnées au même titre que tous les comportements sexuels jugés déviants (désignés dans leur ensemble par le terme de "sodomie", qui ne prendra que progressivement le sens restrictif de "coït anal").

Certains prélats, s'inquiétant particulièrement des relations homosexuelles dans les monastères, condamnent vigoureusement le mujelojestvo ("le fait pour un homme de coucher avec un homme"). Toutefois, à l'opposé de ce qui se passe en Occident à la même période, aucune véritable sanction légale n'est mise en œuvre. La société de l'époque semble même faire preuve d'une indifférence bienveillante à l'endroit des relations homosexuelles. Selon les témoignages de plusieurs voyageurs occidentaux se rendant en Russie aux XVIème et XVIIème siècles, celles-ci sont présentes dans toutes les couches de la société, de la paysannerie à la cour. Au XIXème siècle, l'historien conservateur S. Soloviev note que "nulle part, ni en Orient ni en Occident, ce péché ignoble et contre nature n'était considéré aussi légèrement qu'en Russie".

Les premières condamnations légales sont prises sur le modèle du droit occidental. En 1706, l'ébauche de statut militaire introduite par Pierre le Grand, inspirée du droit suédois, interdit les relations sexuelles entre soldats, les peines pouvant aller jusqu'à la condamnation au bûcher (supprimée en 1716). En 1832, l'article 995 du Code Pénal introduit par Nicolas Ier, inspiré du droit des principautés germaniques, punit le mujelojestvo de 4 à 5 ans d'exil en Sibérie, l'article 996 prévoyant une peine double pour les relations impliquant des mineurs ou des personnes faibles. Cependant, ces dispositions restent très peu appliquées. Notamment dans le cas de scandales impliquant des personnes haut placées, on préfère muter ou exiler temporairement les individus en cause, plutôt que de les traîner devant les tribunaux.

Plus que sous l'influence du droit, c'est avec l'occidentalisation progressive des mœurs dans les classes aisées que la condamnation morale des pratiques homosexuelles se fait plus vive. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, les relations homosexuelles, jusqu'alors relativement "ouvertes", tendent à devenir plus "clandestines". Ce changement d'attitude est à rapprocher de la "rupture moderne" concernant les discours sur le sexe identifiée par M. Foucault dans les sociétés occidentales: en même temps que la sexualité est apparemment confinée à la sphère privée, le sexe devient une affaire publique; le discours sur le sexe, d'autant plus sollicité qu'il est entouré des marques de la pudeur et du secret, se rationalise et se politise avec le développement de sciences qui ont directement la sexualité pour objet (démographie économique, médecine).

L'émergence d'un "consensus progressiste"

Vers la fin du XIXème siècle, l'article 995 fait l'objet de critiques de plus en plus fournies de la part de juristes et de médecins russes, généralement influencés par leurs homologues allemands. Les premiers lui reprochent sa difficile application (étant donné la difficulté de faire la preuve du coït anal), voire le condamnent purement et simplement au nom de principes libéraux. Les seconds tendent à voir dans l'homosexualité - catégorie définie et isolée à cette époque - une "perversion" ou une maladie qu'il faut soigner, plus qu'un péché qu'il faut réprimer. Ainsi les homosexuels sont-ils désormais plus présentés comme des victimes que comme des dangers potentiels pour l'ordre social. Comme le note M. Foucault, le remplacement des clercs par les médecins et les juristes en tant que producteurs de discours vrais sur le sexe s'accompagne d'un progrès dans la "compassion" à l'égard des homosexuels, d'autant que ceux-ci ne tarderont pas à revendiquer positivement l'identité que l'on vient de leur assigner.

C'est sans doute sous l'influence de ce discours dominant dans l'élite scientifique que les Bolcheviks dépénalisent l'homosexualité : le Code pénal de 1832 est abrogé en 1917 et les nouvelles dispositions pénales de 1922 et 1926 ne reviennent pas sur la décriminalisation de l'homosexualité. L'article "Homosexualité" rédigé par le médecin M. Serejnski dans la Grande Encyclopédie soviétique de 1930 est un témoignage de l'approche "progressiste" acceptée par les bolcheviks en la matière. Si l'homosexualité y est définie comme une "attraction sexuelle contre nature pour les personnes du même sexe", les homosexuels, considérés comme des malades qui doivent être soignés, y sont traités avec compassion. Qui plus est, l'auteur fustige la "législation morale" en vigueur en Occident et dans la Russie pré-révolutionnaire qui, en plus d'être "absurde", a un "effet psychologique extrêmement négatif sur les homosexuels", tandis qu'il vante l'humanité avec laquelle la société soviétique traite les homosexuels: "notre société va au-delà des mesures prophylactiques et curatives afin de créer les conditions indispensables dans lesquelles les interactions quotidiennes des homosexuels seront aussi normales que possible et leur habituel sens de l'exclusion sera résorbé".

Toutefois, ni la décriminalisation (qui n'empêche pas l'organisation de certains procès), ni cet esprit libéral affiché ne signifient un progrès dans la tolérance vis-à-vis de l'homosexualité dans les années 1920. Les homosexuels russes, contrairement à leurs homologues allemands, ne sortent pas de la clandestinité. Tout au plus l'homosexualité, qui reste confinée à l'élite artistique à laquelle elle est immanquablement associée dans l'esprit de la population, trouve-t-elle à s'exprimer dans la littérature: c'est notamment à cette époque que M. Kuzmin écrit Krylia (Les Ailes) considéré aujourd'hui comme le premier roman gay russe, mais qui devra attendre les années 1990 pour être publié.

Un rejet violent et durable spécifique à l'Union Soviétique

En ce qui concerne la condamnation morale et juridique des homosexuels, la Russie et l'URSS ne se distinguent donc pas fondamentalement de l'Europe de l'Ouest. La véritable césure intervient avec le retour de la criminalisation de l'homosexualité par un décret de Staline daté du 17 décembre 1933. Car si le nouvel article 154 (futur article 121) introduit à cette date dans le Code pénal reprend presque mot pour mot les deux articles de 1832, l'application qui en sera faite sera autrement plus répressive. Cette nouvelle criminalisation intervient dans un contexte particulier. D'une part, elle coïncide avec un tournant dans la politique familiale soviétique: la législation libérale adoptée en 1917 (légalisation du divorce et de l'avortement) est abandonnée au profit de lois natalistes restreignant les conditions du divorce et criminalisant à nouveau l'avortement. D'autre part, les tensions s'accroissent entre l'Allemagne et l'URSS depuis l'arrivée au pouvoir de Hitler. A Moscou, un amalgame est fait entre homosexuels et nazis: la rumeur court notamment que le milieu homosexuel moscovite est infiltré par des SA. Cet amalgame est accréditée au plus haut niveau par Gorki (qui écrit en mai 1934: "éradiquez l'homosexualité et le fascisme disparaîtra") et Staline, dont certains auteurs suggèrent (de manière contradictoire) qu'il n'aurait pas voulu apparaître en reste dans la répression de l'homosexualité face à Hitler.

Si le renouveau de la criminalisation n'est pas spécifique à l'URSS et que l'Allemagne nazie dépasse même cette dernière dans la répression par sa politique discriminatoire à l'égard des homosexuels (port du triangle rose dans les camps) et le nombre des victimes (plus de cent mille homosexuels arrêtés), l'URSS se distingue par l'efficacité du discours idéologique qui sous-tend la condamnation de l'homosexualité et par la durée de la répression.

Si l'homosexualité est définie dans l'Allemagne hitlérienne comme un "crime contre la race", elle est envisagée comme un "crime politique" en URSS, les homosexuels étant stigmatisés comme "ennemis du peuple". Dans un discours de 1936, le procureur général Krylenko associe l'homosexualité à la décadence morale des anciennes classes dirigeantes ("racaille déclassée", "lie de la société") et au complot contre-révolutionnaire. Dans la même veine, l'article "Homosexualité" de la Grande Encyclopédie soviétique de 1952, qui contraste nettement avec la version de 1930, insiste sur les conditions sociales dans lesquelles émerge le "phénomène" de l'homosexualité en Occident ("dégradation morale", "alcoolisme", "relations sexuelles prématurées" qui contrastent avec les "circonstances sociales favorables" et la "saine moralité" de la société soviétique). L'auteur se félicite de ce que la loi soviétique pénalise l'homosexualité alors que "dans les pays bourgeois, où l'homosexualité reflète la dégradation morale des classes dirigeantes, l'homosexualité n'est en pratique jamais punie." L'homosexualité n'est plus envisagée ici comme une maladie biologique qu'il faut soigner mais comme une maladie sociale qu'il convient d'éradiquer par des techniques appropriées d'ingénierie sociale. Le jugement de l'homosexualité comme pratique d'une bourgeoisie ou d'une aristocratie jugée décadente n'est pas propre à la Russie ou l'URSS. La spécificité tient plutôt au rejet de l'homosexualité comme non-russe, non-soviétique. L'identité posée entre homosexualité et mœurs bourgeoises et/ou occidentales est facilitée par la perception, classique aux XIXème et XXème siècles, d'une coupure entre le peuple et les élites occidentalisées. La condamnation de l'homosexualité tire son efficacité de sa construction sur les tendances anti-occidentales et anti-élitistes de la société russe puis soviétique.

L'URSS est sans doute le seul Etat où la répression de l'homosexualité a été assez systématique, violente et durable pour marquer profondément la société, en premier lieu les homosexuels. Après les campagnes d'arrestation de 1933-1934, la répression s'institutionnalise: un département spécifique au sein du KGB est chargé de "découvrir" les homosexuels et de les réprimer. La condamnation la plus fréquente est l'envoi en camp de travail pour une durée de 5 ans (l'article 121 prévoit une "privation de liberté d'une durée pouvant aller jusqu'à cinq ans" sans autre précision). Selon les données du Ministère de la Justice russe, environ 1000 personnes par an auraient été envoyées au goulag sur le fondement de l'article 121, ce qui représente un total de 50 à 60 000 personnes pour les 60 ans pendant lesquels l'homosexualité a été criminalisée (le nombre de condamnés diminue sensiblement à partir de la fin des années 1980: 538 en 1989, 497 en 1990, 462 en 1991, 227 en 1992). Ces statistiques ne prennent pas en compte les personnes envoyées dans des centres psychiatriques pour y être "rééduquées", ce qui concerne plus spécifiquement les lesbiennes.

Loin de parvenir à faire disparaître l'homosexualité, le système carcéral soviétique, comme tous les systèmes pénitentiaires, en produit. Les relations homosexuelles en prison et dans les camps (mais aussi parfois au sein de l'armée avec la dedovchtchina: bizutage souvent violent imposé aux jeunes recrues par les soldats plus âgés) ne s'expliquent pas uniquement et pas essentiellement par l'absence de femmes. Elles ont une autre fonction: marquer une relation de pouvoir. Dans tous les camps d'hommes existe une classe de détenus, homosexuels passifs ou forcés à le devenir, désignés sous le vocabulaire spécifique d'opouchtchennye (les "dégradés"), et destinés à la satisfaction des besoins sexuels des autres prisonniers. Ils sont généralement victimes d'une ségrégation au quotidien et de violences plus ou moins régulières (coups, viols individuels ou collectifs, voire meurtres). Ces détenus ne sont pas seulement ceux condamnés sur le fondement de l'article 121. Ils peuvent être remarqués pour leur jeunesse, leur plus faible constitution physique, leur beauté. Dans les années 1970-1980, ni les témoignages sur les camps (à part ceux d'anciens détenus homosexuels, comme G. Trifonov), ni les dissidents défenseurs des droits de l'Homme n'ont dénoncé cet état de fait.

arthur de coucy


N'oublions jamais... du 25/01/2004

Dans un contexte économique, social et politique difficile, certains auraient tendance à tout généraliser pour tout expliquer.
La généralisation et l'amalgame sont le lit de tous les extrêmes. L'Histoire de peuples en témoigne tragiquement.
N'oublions pas l'élection présidentielle d'Avril 2002.
Gardons cette secousse à l'esprit et agissons, ensemble, pour la tolérance et la démocratie.
Garantissons l'avenir et demeurons bâtisseurs.

quezak


Pour que cela n'arrive plus jamais du 18/08/2003

Puisque les livres d'histoire sont muets à ce sujet, des témoignages comme celui-ci sont indispensables et devraient être relayés par un maximum de sites.

Je me permets quant à moi de le faire sur

http://groups.msn.com/situvoyaismavie et sur
http://groups.msn.com/pourunflirtaveclui

Laurent Fraquet


Berlin 1939 - Berlin 2003 du 03/07/2003

Berlin, 2. Juli 2003

Pressemitteilung zum Denkmal für die homosexuellen NS-Opfer
- Communiqué de presse -
(traduction inofficielle)

LSVD Fédération des Lesbiennes et Homoxuels d'Allemagne ainsi que le Projet du Mémorial se félicitent de l'initiative de la coalition gouvernementale en faveur d'un Mémorial pour les victimes homosexuelles du nazisme.

La coalition gouvernementale a présenté ce jour au Bundestag un projet de loi créant un Monument pour les homosexuels persécutés sous le regime nazi. Günter Dworek, porte-parole du LSVD et Albert Eckert, Initiateur de "Der homosexuellen NS-Opfer gedenken/Souvenir des victimes homosexuelles du NationalSocialisme) déclarent à ce propos:

Le LSVD et l'Initiative "Der homosexuellen NS-Opfer gedenken" apprécient vivement que les partis SPD et Bündnis 90 / Die Grünen (les Verts) aient présenté au Parlement un projet de loi portant sur la construction d'un monument à la mémoire des homosexuels victimes du nazisme. C'est un pas décisif en vue de la réalisation d'un memorial qui rétablira leur dignité.

Nous sommes heureux que les fractions parlementaires au pouvoir aient répondu à notre requête. Nous voulons un mémorial officiel au nom de la République Fédérale d'Allemagne. Le Parlement est donc l'instance appropriée pour prendre une telle décision.

Nous souhaitons que les débats parlementaires soient conclus avant la fin de l'année. 58 ans après la libération du nazisme, la capitale fédérale se doit enfin d'honorer ces victimes par un mémorial qui aura ainsi une portée nationale.

Il nous importe que cette réhabilitation des victimes rencontre un large consensus politique. Aussi solliciterons-nous également l'appui des partis de l'opposition.

L'Initiative "Der homosexuellen NS-Opfer gedenken" (Souvenir des victimes homosexuelles) et le LSVD luttent depuis longtemps pour la création d'un site du souvenir. Dès 2001, les deux organisations se sont adressées dans ce sens à un large public. De nombreux citoyens et citoyennes ont signé la pétition, dont de nombreuses personnalités connues et d'autres organisations de victimes. Nous sommes heureux de constater que nos efforts portent enfin leurs fruits.

www.gedenk-ort.de
www.lsvd.de

LSVD Pressestelle
Willmanndamm 8
10827 Berlin
T. (030) 78954763
F. (030) 44008241
presse@lsvd.de

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addendum 1 :
Berlin - Christopher Street Day 1974: 400 participants
Christopher Street Day 2003 : 600.000 participants attendus la veille

addendum 2:
Le matin du Christopher Street Day, M. Wowereit, Maire-Premier Ministre du Land de Berlin, ancien Président du Bundesrat (Sénat) a hissé, conjointement avec le représentant du LSVD, le drapeau Arc-en-ciel sur la "Mairie Rouge", entre l'Ours de Berlin et le Noir-rouge-or. D'autres mairies berlinoises en ont fait autant.
Le Maire prépare par ailleurs lr Pacte de Solidarité Civile avec son partenaire de longue date.

Berlin ! Une pensée pieuse pour Pierre Seel. Une pensée pieuse pour Jo transfiguré en Saint Sébastien. Le sang des martyrs a fertilisé la terre.





Paul


ne pas oublier certe, mais... du 23/06/2003

Crois tu que l'histoire ne ce repaîtras pas ? Regarde aujourd'hui quelle forme prennent les "invasions" ! Hier en libérateur, aujourd'hui en conquérant, et demain a qui le tour... les méthodes ont changées. Il ne suffit pas de dire "barbarie" pour qualifier un acte horrible. Hier la violence était pur, et maintenant ? Elle ce présente différemment, mais elle est toujours présente, rien n'a changé, et ne changera, c'est seulement la façon de procéder qui est différente.
Plutôt que de refouler le passer auquel nous n'appartenons pas, regardons notre présent et surtout essayons d'organiser notre futur. Pour moi, ce passé, c'est celui de mes grands parents qui m'ont quitté depuis peu. Mon grand père a fait parti d'un groupe de résistant local. Il m'a très peu parlé de cette période, qui l'a certainement marqué, mais par respect je pense, pour la population toute entière qui a vécu cette tragédie. Je préfère tourner la page. Ce qui est fait, est fait et personne ne pourra le changer.

jerome.

acy74


n'oublions JAMAIS du 21/06/2003

un grand merci pour ton temoignage, j'ai pleuré en lisant ton texte
merci, et n'oublion JAMAIS...

mecdu80


merci bcp du 18/06/2003

cette histoire abominable se doit d'etre imortalise pour ne jamais oublier
merci

gwaihir seigneur des vents


Ne jamais oublier du 18/06/2003

Aujourd'hui, il est possible d'aller boire un verre dans un bar gay sans avoir de problèmes.
Il y'a 60 ans çà tenait tout simplement du suicide.
Merci à Robin pour ce témoignage très important. Personnellement, très marqué par la Shoah, j'ai visité le camp d'Auschwitz par choix. Et je n'ai jamais autant été angoissé de ma vie.
J'ose imaginer ce que çà pouvait être si j'avais été interné avec un triangle rose...
Tout çà pour dire que la Gay Pride n'est pas qu'un simple carnaval et ne serait-ce qu'en mémoire de Pierre Seel, il est important de se souvenir d'une façon ou d'une autre..
Webzoner

webzoner


Précision du 17/06/2003

J'avais vu Pierre Seel lors d'une émission télévisée (il me semble que c'était "Les dossiers de l'écran") il y a pas mal de temps déjà : je n'ai jamais pu oublier son récit insoutenable de cet évènement. Le camp en question est celui du Struthof, le seul camp en territoire français, que certains extrémistes ont essayé de détruire.
Si vous en avez l'occasion, allez le visiter : il y règne une atmosphère impressionnante, un silence permanent, pas le moindre chant d'oiseau.
J'ai voulu y retourner avec des amis, je n'ai pas pu me résoudre à sortir de la voiture, je suis resté cloué sur mon siège tellement cet endroit sinistre semble dégager une impression d'angoisse permanente.

khalao


Hitler, Pétain, De Gaulle et Compagnie... du 17/06/2003

C'est bien de stigmatiser le régime nazi ; mais pour être honnête, il faudrait condamner aussi le régime dictatorial de de Gaulle et compagnie qui a été plus loin encore dans la répression que Pétain... (et ce dans beaucoup de domaines) J'aimerai qu'un jour quelq'un s'en charge.
Alain.

deuxmecs27et35ansenloiret


Bonne recherche !!! du 17/06/2003

C bien... je t'applaudis... c le fruit d'une très longure recherche que tu nous proposes... comment peut on rester indifférent à ce que tu viens d'écrire... toutes mes félicitations !!!

babouin



Merci tout simplement du 17/06/2003

bonjour ,après cette lecture, très franchement je suis écoeuré! pas par ce récit historique mais par ces acts que personne n'ose prendre en compte!!
Je te tire mon chapeau mais encore plus je t'offre mon ame pur ce travalle.
Moi qui veux ( et qui ferai de la politique bien que de droite ) le jour où j'y parvindrai je te jure et te promet que je ferai tout et encore plus pour que cela soit connu et enseigné dans les manuels scolaires
MERCI encore
et continue tes recherches cela est vital pour ne pas oublier

Amicalement et sincérement
Clément

clemixia

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