J'ai aujourd'hui 27 ans et je peux maintenant vivre mon homosexualité sans craindre la réaction de mes proches. Je suis loin d'avoir vécu le quart du tiers de tout ce que l'on peut lire dans les autres histoires... Je ne conçois pas (encore) le sexe sans sentiment.
J'aime le mode de communication informelle des e-mails. Il m'a permis de rétablir une communication ouverte avec mon frère. C'est la voie que j'ai choisie pour mettre fin à une quelconque incertitude quant à mes sentiments concernant la gent masculine. Il a très bien pris la chose et m'a encouragé à remettre la lettre (cf. texte ci-dessous immiscé entre les rangées d'astérisques) destinée à mes parents. Je la leur ai remise le 4 mars 2000. Après 45 minutes de tergiversation entre ma chambre et mon bureau, je me suis décidé à descendre les escaliers me menant à eux. Je l'ai d'abord remise à mon père qui lisait son journal à table. Maman était dans le divan, à quelques mètres. Après lecture, Papa ne put retenir ses larmes. Il se leva et m'embrassa en me disant qu'il était très content et que j'avais bien fait. Maman nous demanda ce qui se passait mais nous étions tous deux sans voix. Elle a attendu patiemment dans le divan jusqu'à ce que je lui apporte la lettre. Je me suis assis à ses côtés et Papa a fait de même. Maman m'a embrassé une fois la missive décryptée. Nous en avons alors un peu parlé tous les trois. J'ai été surpris par leur ignorance. Ils sont tombés de haut, ils étaient à cent lieux d'y penser lorsqu'ils me voyaient plutôt maussade ces dernières semaines. Mon frère avait une vision beaucoup plus réaliste de la situation et de solides soupçons.
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Maman, Papa,
Dans nos discussions, nous en restons en général au sujet du travail alors qu'il y a beaucoup plus profond. Si je ne suis pas heureux aujourd'hui, c'est en partie à cause du travail mais il y a la vie à côté qui ne comble pas certaines carences. J'ai toujours voulu être le petit garçon "modèle" - qui travaille bien à l'école, à l'université, au bureau - qui suit bien le chemin que ses parents ont tracé devant lui. Seulement voilà, je ne peux pas me résoudre à continuer comme ça. Il faut que je trouve mon bonheur en dehors de ce chemin, que je l'accepte et que je puisse partager mes émotions avec les gens que j'aime. Le poids du regard des autres, des conventions, est très lourd. L'innocence de l'enfance me le rendait imperceptible mais les années s'accumulant, j'en ai de plus en plus pris conscience et je me suis isolé intérieurement, muselant mes sentiments. Ce n'est plus vivable, cela doit cesser. Comme Mathieu (à qui j'ai envoyé un e-mail similaire à cette lettre le 24-02-2000), vous avez sans doute tout compris depuis longtemps mais vous n'aviez pas envie d'affronter la réalité et ne m'y avez surtout pas encouragé. Sans aucun reproche, je me permets de rappeler certaines paroles de Mathieu qui m'ont affreusement blessé. Je ne sais plus à quel moment de ma relation avec Sophie il m'a dit cela, si c'était au début, au milieu ou vers la fin mais peu importe finalement : "tu nous as fait peur, t'as failli mal tourner". Ce n'est pas ce genre de phrases qui aident à s'assumer ! Sophie est une femme exceptionnelle mais je ne peux pas en être amoureux, ni d'elle ni d'une autre, ce n'est pas dans ma nature. Lorsque nous nous sommes séparés le 17 janvier 1997, je lui en ai dit la raison profonde et elle a été remarquable. Nous sommes restés très proche depuis mais je n'en ai jamais parlé à la maison. Je n'ai pas envie d'entendre maman sans cesse à faire des allusions déplacées, dès que je lui parle d'une amie, il faut toujours que maman lance une remarque tendancieuse pour que je sois dans la norme mais non, je ne le suis pas. Ces remarques sont peut-être des provocations pour que je réagisse mais elles font mal car elles prouvent que maman préférerait que son fils cadet soit "bien comme tout le monde". Frédérique et Marie sont au courant depuis un peu plus longtemps que Sophie (quelques jours si je me souviens bien). En fait, c'est mon examen de sciences religieuses qui m'a poussé à réfléchir et à mettre fin à cette "duperie". Le texte que j'ai analysé - ne pas juger - parlait de ne pas juger les autres pour une paille alors que soi-même on a une poutre dans les yeux. J'ai été très direct avec le prof, il a très bien compris et il m'a dit que cela avait dû être très difficile pour moi de faire une telle analyse (qui ne me mettait pas directement en cause mais qui avait une portée générale). A ce moment là, j'aurais pu l'admettre et sans doute parler ouvertement avec lui mais j'ai eu un petit retour en arrière et plutôt que de dire oui, j'ai dit non et qu'au contraire j'avais pris beaucoup de plaisir à découvrir les évangiles. Je crois que cela m'a valu un 17 au lieu d'un 19 si je m'étais exprimé sans retenue après sa remarque. Voilà, à présent, vous savez tout ce que vous saviez déjà. Pourquoi ne m'avez-vous pas plus interpellé lorsque Brad Pitt (en papier peint sur l'écran du PC) s'est rappelé à votre beau souvenir ? Je sais, il est difficile d'en parler, jamais je n'y arrive alors c'est par cette lettre que je mets fin à vos soupçons. J'espère que vous continuerez à aimer votre fils comme avant. J'en suis sûr car Mathieu m'a renvoyé un e-mail me disant que ça ne changeait rien et vous me direz sans doute la même chose.
j'ai failli pleuré car ton histoire est fabuleux moi mes parents sont pas au courant mais je voudrais faire la même chose que toi pour la lettre comment je peux tu pourrais m'aider à ce sujet .mille bisous je t'embrasse et profite toi bien de la vie
Ton texte me semble sonner ausi vrai que l'autre intitulé " Correspondance entre ... "
Cela doit être dit compte tenu du tissu d'aneries porno soi-disant vécues qu'on trouve ici.
Peu importe que ce soit par écrit ou oralement que tu aies pu informer tes parents. L'essentiel est que tu aies eu le courage de le faire, tu as fait ton bout de chemin, ils ont fait le leur dans la compréhension. On sait que ce n'est pas toujours le cas, la société découvre....
Pour ce qui est de la manière cela dépend de la manière dont la famille fonctionne, son degré d'évolution, son ouverture d'esprit, la proximité de ses membres, l'Amour qui y règne..
Une chose me préoccupe. Je ne comprends pas vu que tu n'es plus un gamin que tu puisses écrire au début de ce texte que tu n'es pas ENCORE arrivé à faire l'amour sans sentiment.!!!
Je m'explique : lorsque les jeunes adolescents découvrent la sexualité, ils pratiquent souvent entre eux le touche-pipi. En ce compris les hétéros qui, en grandissant, lorsqu'ils prennent de l'assurance, vont aller vers le sexe opposé.
Pour l'homo, cela a été mon parcours en tous cas, j'ai vite compris que ce qui pour mes copains était une amusante distraction instructive relevait pour moi d'un intéret vital.
Au départ il y a donc une curiosité sexuelle sans sentiment qui avec la maturité -si on y parvient- va évoluer vers une sexualité adulte tant physique que mentale, sous-tendue par les sentiments.
En lisant " je ne suis pas ENCORE arrivé à faire l'amour sans sentiment ", j'ai pensé heureusementy pour lui. Aurais-tu envie de régresser ?
Pour ce qui est du côté " écriture " , je regrette qu'avec une histoire aussi dramatique, tu n'aies pas rendu ton texte plus vivant, en marquant une progression dans le récit.
Mais ce n'est pas essentiel puisque tous ceux qui te lisent ici savent de quoi il retourne et qu'il s'agit d'avantage d'un témoignage.
De toute manière, ton texte contribue à relever le niveau du site.
En effet, tu n'as pas compris mon commentaire. Je ne recherche pas les causes, pour moi je suis homo depuis "toujours", c'est comme ça. Certains sont homos, d'autres hétéros et personne ne s'interroge sur les causes de l'hétérosexualité (ne parlons pas des phéromones...). En réaction à Juju, je lui demande d'exprimer les causes qui selon lui sont à l'origine de l'homosexualité puisque c'est on ne peut plus clair pour lui.
Traduction de mon baratin : pour moi, il n'y a pas de causes à chercher mais si quelqu'un en a, qu'il s'exprime au lieu de les garder pour lui, les idées des autres peuvent nous enrichir.
Je comprends pas vraiment les réactions que vous avez, juju écrit " en voici les causes ", comment pouvez vous parter de causer. On est à homo à cause de quelque chose mais parceque nous l'avons toujours été.
Je ne prétends pas avoir rédigé une lettre type. Chacun connaît ses parents et avise en fonction.
"Boy"
Merci pour ta réaction. J'ai conscience de la chance d'avoir des parents comme les miens.
"Juju"
cf. "Loran" et "Moi"
+
J'aurais bien été incapable (et je le suis toujours) d'énumérer les causes de mon homosexualité. Je serais curieux de connaître celles qui ont causé la tienne.
je te l'accorde une lettre est beaucoup plus simple a donner que de sortir un phrase de sa bouche... c'est ce que j'ai fais pour le dire à mopn père... mais je n'y suis pas allé par quatre chemin.... je lui est dit..; je suis gay en voici les causes...
A mon gout beaucoup trop de périphrases pour n'en venir jamais aux faits, je suis comme Loran, mes parents n'auraient pas compris ton baratin, je pense que la meilleur façon d'y parvenir c'est que ce soit clair, net, et précis, comme le dis Boy " Papa, Maman, je suis gay "
Je trouve que ta lettre a été très bien formulée, et que tu as des parents super.
En effet, ca ne se passe pas comme cela pour tout le monde.
Alors à partir de ce moment, profite bien de ta vie.
Bye
c'est très bien, mais moi si j'avais donné donner une lettre comme cela à mes parents ils n'auraient rien compris. Avec les miens, il faut dire tout pleinement. Papa je suis gay ! Mais je n'ai pas encore avouez à mes parents cela. Néanmoins beaucoup de monde dans mon entourage le sait. je ne suis pas près donc j'attends ......
voila. laurent de l'ile de la reunion.