J?avais bien essayé la muscu... Parce que j?aurais aimé avoir un beau corps d?athlète. J?aurais bien aimé être un objet de désir, moi aussi.
Alors, je me suis dit, un beau matin : « Mon fils, il te faut faire quelque chose, ça va pas arriver comme ça, tout cru. » Et dès le soir même, on y va de quelques abdos.
Bon, d?accord, ça n?a pas été bien loin. Au bout de cinq, l?écroulement inévitable. Et alors là, j?entends tous les moqueurs qui se piaffent de savoir qu?après seulement cinq malheureuses pompes, il vaut plus grand-chose le kéké. Laissez-moi continuer.
Donc, cinq la première semaine. Puis dix les semaines suivantes. Et on augmente peu à peu le débit, jusqu'à ce qu?un beau matin, le corps tant désiré apparaisse comme par enchantement dans la glace, au détour d?un contre-jour bienheureux.
En fait le but recherché, c?était d?étoffer un peu les épaules et les bras qui sont livrés avec. Au départ, ça ressemblait plus à deux brindilles légèrement velues, lesdites brindilles, oh reste privilégié de l?adolescence, se balançant avec maladresse, autour d?un frêle tronc d?arbre.
Alors au début, on ne voit pas grand-chose venir et on se demande vraiment à quoi ça sert de se crever tous les soirs pour rien. Et puis, je ne vous raconte pas le jour où maman entre dans la chambre et vous aperçoit affalé sur la moquette, avec un air de cadavre déterré, la langue pendante de cinq mètres. Soit elle appelle le SAMU, soit elle contient un léger sourire qui se transformera en rire gras une fois la porte refermée. Bref, la famille sait à présent que vous faîtes du sport et vous demande à chaque repas organisé d?enlever votre chemise, comme ça, pour voir. Et vous qui aviez fait ça pour, malgré tout, que l?on vous fasse des compliments sur votre silhouette, c?est râpé.
Mais bon, avec un peu de courage, il ne faut pas désespérer, vous continuez tout de même à faire votre exercice périlleux chaque soir que Dieu fait, avec, cela dépend, plus ou moins de bonne humeur, mais bon, vous continuez.
On en est à quarante pompes par soir, ce qui de l?avis de la foule moyenne, peut sembler tout de même un peu relever du défi.
Alors, on va corser le tout. Les bras un peu plus forts, d?accord, mais la tablette abdominale, ce serait pas mal non plus.
Les pieds coincés sous le lit, on y va de cinq abdos. Descendre, remonter... Descendre, re-mon-ter. Descendre, re... mon... ter. S?écrouler, re... mon... rester affalé sur la moquette...
Il paraît que c?est quant ça commence à faire un peu mal que ça a le plus d?effet.
Joies et désespoirs du masochisme...
En tout cas, la tablette de chocolat, elle est belle et bien là, et ce après peu de temps.
Attention, ce n?est pas une recette que je livre. Je ne m?appelle pas Rika Zaraï. Je dis seulement que moi, au bout de quelque temps, moi, environ trois-quatre mois après (quant même...), j?avais vu pousser quelque chose. Délire de fou ou réalité ? A chacun de juger. En fait, je suis mince à l?origine, alors quant il y a quelque chose en plus, ça se remarque. Je vous raconte l?histoire de mon frère, qui lui, avait tendance à faire de l?embonpoint ; En bon fils de la campagne, c?était parties de football sur parties de football quant il était jeune. Et puis survint la copine qui l?a un peu éloigné des dimanches entre copains. Il prit un petit bide. En un rien de temps. Pas énorme énorme, mais un peu de gras sur les côtés. Donc, il décida de s?inscrire à la salle de musculation. Il en fît une heure tous les midis pendant environ trois ans. Et bien, rien. Non, rien. Il perdit un peu de poids, mais jamais le moindre muscle ne fût visible. Pourquoi dès lors ? Parce que les muscles, ils étaient sous la graisse. Il soulevait les poids de plus en plus facilement, mais côté silhouette, pas de changement physique. Pour finir, avant de faire de la musculation, ?faut entamer un léger régime. Mais ça, c?est tiré de mon expérience perso, hein !
Pour revenir à moi, pour les bras, ce n?était pas encore ça, mais la tablette, je le répète pour ceux qui n?auraient pas bien compris, elle est là, visible. Bon, pas encore au naturel, faut forcer un peu pour qu?elle apparaisse, mais sous une lumière crue, elle fait son petit effet dans la vitre de la chambre.
Un jour, bien sûr, ça arrive, il y a bien le faux mouvement. Et de rester coincé du dos pendant quatre jours. Ca c?est l?enfer.
En fait, le plus dur, c?est de reprendre. Il reste encore une légère douleur, mais bon, avec un peu de chance, elle ne s?amplifiera pas.
J?ai fait cela durant plus d?un an et demi. Vingt-cinq pompes, vingt abdominaux, puis de nouveau vingt-cinq pompes. Et puis j?ai arrêté. J?avais trop d?abdominaux...
Non, je rigole ! Les muscles, c?est bien, mais ça avance pas plus que ça. Faut avoir autre chose, y?a pas que les muscles dans la vie. Et puis ça ne dure qu?un temps, le statut d?homme-objet.
Jamais je ne serais musclé. Jamais. C?est écrit, c?est comme ça. Y?en a qui sont pas faits pour... C?aurait été bien, mais c?est malgré tout crevant.
Bon, j?aurais essayé.
Quelques fois, je regarde dans la glace et je force, je force. Apparaissent encore quelques muscles bien placés. C?est toujours ça de pris. Recommencer ? Un jour, mais sûrement lointain, lointain... Faut pas exagérer tout de même.