L'Amour m'a surpis la première fois le 25 décemre 1998 au soir, dans une discothèque lugubre dont le nom m'a échappé. C'est bien le seul détail de cette soirée mémorable dont je ne me souviens pas. De ce soir là est née une formidable histoire qui aura durée trois ans.
Trois ans pendant lesquels tes démons ont tenu loin de toi cette bisexualité féroce qui t'avait laminé au gré de tes préférences, en alternance, sans jamais pouvoir choisir un camp ou un autre jusqu'à moi.
Comme je t'aimai, je t'ai accompagné sur ce chemin de croix, allant jusqu'à accepter le partage.
Je n'ai rien voulu connaître d'elle. Je sais simplement que j'ai continué à compter pour deux quand tu comptais pour trois.
Finalement, tu as préféré choisir celle qui t'offrait la consécration de ta virilité, sans concurrence, et sous des cris de satisfaction bien plus encourageants que les miens.
Aimer, c'est aussi savoir laisser partir.
Par dépit amoureux, je me suis plongé dans les méandres de la solitude. Pour tromper l'ennui, j'ai tenté vainement d'endormir ma préférence en consacrant l'essentiel de mon temps à mes amis, à mes sports favoris et à mon travail. Longtemps, j'ai cherché à t'oublier.
J'ai cru que les sorties dans le milieu m'y aideraient tout comme les somnifères me permettraient de passer les nuits sans rêver de toi.
J'ai compris qu'il était impossible d'oublier son histoire personnelle et qu'il fallait reconstruire ma vie sur les fondations de cet échec.
Il m'aura fallu presque trois pour comprendre cette évidence. Trois ans pendant lesquels j'ai renié mes valeurs, abandonné mon corps à ces garçons fous pour satisfaire toutes leurs audaces. C'était comme ci, à travers eux, je cherchais à compenser mille fois ce que nous ne faisions plus ensemble.
Puis, petit à petit, au gré des mariages de mes meilleurs ami(e)s, des PACS de mes amis, des naissances, de la vie stérile que je menais, tout s'est éteint en moi.
Toi, Ced, tu as débarqué dans mon existence un jour de novembre, comme une furie, brisant d'un coup les quatres murs de la prison que je m'étais construite.
Soudain devant moi s'est révélé un horizon que je ne soupçonnai plus.
J'ai eu peur. Ebloui par cette lumière vive, la lumière de la vie, cette lumière que j'avais oublié, je me suis enfui en courant, t'abandonnant lâchement au seuil de ce qui aurait pu être une belle histoire.
Mais, c'était sans compter sur ta persévérance.
J'ai accepté de te revoir quelques semaines plus tard.
Tu as cette fois ci privilégié constance et douceur à l'audace.
Je me suis abandonné à toi. Tu as forcé la serrure de mon coeur. Tu m'as tout réappris et guidé mes pas. Tu m'a fait redécouvrir mon corps et ces sensations que j'avais oubliées.
Entre nous deux tout allait pour le mieux, c'est en tout cas ce que je pensais jusqu'à ce triste jour, ces trsites semaines ou, du jour au lendemain, je ne pouvais plus te toucher, te câliner, ni te prouver l'étendue de mon amour.
De toute évidence, tu ne ressentais plus rien pour moi.
Ton amour s'est éteint brutalement, sans explication.
J'y ai reconnu la détresse de ceux qui ne savent pas à quel camp ils appartiennent.
Dans tes larmes, j'ai mesuré l'ampleur de ton désarroi.
Pourtant, lors de nos étreintes, dans tes yeux, j'ai vu ce regard implorant de sincérité si bien caractéristique de ceux qui ne font pas semblant.
Je sais que tu m'aimais à ce moment là.
Moi, je n'ai pas couru les garçons avant toi. Brisé une première fois, je sortais du désert affectif dans lequel j'étais prisonnier.
J'avais une soif d'aimer insatiable, des tonnes de tendresse à revendre qui, du jour au lendemain, se sont heurtés à ton indifférence.
Frsutré je l'étais, de ne plus pouvoir t'aimer.
Toi aussi, tu étais rongé par ce sentiment duale que je ne citerai pas.
Notre belle aventure s'est muée en cauchemar, un cauchemar destructeur.
La séparation s'est imposée naturellement.
J'ai cru voir le soleil mais ce n'était qu'une étoile.
Je devrais ne garder que les bonnes choses qui ont fait les joies de notre histoire.
Nous n'avons pas su nous quitter proprement.
Tu as probablement voulu vengé ton ambiguïté en prenant le soin de me cracher au visage tout le bien que tu pensais de mes défauts.
Le pari est gagné.
J'en sors une fois encore, ravagé, rongé par les remords et les regrets.
Il me faudra encore du temps pour me reconstruire et me donner l'envie d'aimer.
Je me contenterai pour longtemps encore des simples nécéssités primaires de la vie.
Cela ne vaut pas la peine d'aimer.
C'est un investissement à fonds perdus puisque seule le désir de changement a cours chez nous.
Je me range donc à ce que pense et font la majorité d'entre nous.