Nous sommes en février, depuis septembre, ma femme est partie pour un autre homme.
J?ai 3 enfants autour desquels ma vie est centrée depuis le départ de leur maman.
Je les ai en garde alternée et quand ils ne sont pas là, je me donne à fond dans mon travail.
Je ne connais pas les hommes et crois n?avoir jamais réellement ressenti de l?attirance physique.
Pour mon travail, je me rends régulièrement à Londres (environ 1 semaine sur 2)
J?arrive par un beau matin de février dans le « lounge » à paris gare du nord.
Il y a environ 40 personnes, principalement des hommes. Je rentre et mon regard croise celui d?un garçon, 30-35 ans, très viril, un joli sourire, une fossette au coin de la bouche et des yeux pétillants. Les 2 derniers boutons de sa chemise ouverts laissent entrevoir un torse très velu. Il est très élégant, en jean, ce qui dénote avec tous les trous du cul en costard qui rivalisent de blackberries. Il ne se prend pas du tout au sérieux et nous faisons figure d?extra-terrestres au milieu de tous ces « hommes d?affaire ». Je me sens attiré par ce regard et me surprend à penser : j'aimerais bien m'asseoir et discuter avec ce garçon
Je ne le fais pas bien sûr, je bois un café puis embarque. Une fois dans le train, je m'aperçois que le garçon en question est assis en face de moi. Il s?appelle Troy, il est américain, il est très sympa. Nous commençons à discuter en mangeant, en buvant ; je me sens bien mais rien de physique à ce moment (je crois).
Il est américain, il revient de paris où il était pour affaires, il a un garçon qui a l'âge de ma fille ainée, un labrador chocolat qui s'appelle tango, comme le chien que je rêvais d'avoir?.
Totale alchimie !
On arrive à Londres et LÀ, pas du tout envie de le quitter, je lui propose alors de nous retrouver le soir pour boire un verre. Il accepte. Mon bureau est en plein c?ur de Soho ; je lui propose donc qu'on se retrouve là-bas. On échange nos numéros, il m'envoie un texto dans la journée me disant qu'il est troublé par notre voyage?.je ne suis pas moins troublé.
Je le retrouve le soir, on boit un verre, puis 2, la musique est forte; il faut se parler à l'oreille pour s'entendre, il sent bon et là, j'ai envie de l'embrasser.
Dans la discussion, il me glisse (you're handsome; tu es mignon), Je pique un fard, il rigole, insiste. Je me sens très mal à l?aise.
Nous partons diner, véritable moment d?extase, après manger, nous allons prendre un verre après dîner.
Envie de ne plus jamais le quitter.
La musique est toujours aussi forte; l?alcool ne nous aide pas à bien viser l?oreille, nos bouches dérapent et se rencontrent. Rarement tel baiser m?a fait un tel effet.
C?est une décharge électrique qui me traverse.
Nous sortons marcher dans Londres au c?ur de la nuit. Il me demande de quoi j?ai envie, je lui dis que je n?ai pas envie qu?on se quitte, que je pourrais passer la nuit avec lui. Il me demande si j?ai envie de venir à son hôtel pour boire un verre. J?accepte en ne sachant vraiment pas ce qui peut se passer. Nous avons passé la nuit ensemble, pas du tout dormi. 6 heures, enlacés pendant lesquelles je vais découvrir le corps d?un autre homme. Je crois avoir embrassé chaque parcelle de sa peau. Il en a fait de même. Mes mains parcourent son corps velu, je fonds sous ses caresses et ses baisers. Je découvre la fellation pratiquée par un autre homme (incomparable avec ce que j?avais connu auparavant). Je me surprends avec le sexe de cet homme dans ma bouche et ce que j?avais commencé pour faire plaisir m?apparait à cet instant très agréable?.
Nous avons passé une nuit extra-ordinaire
Le lendemain matin, à son hôtel, je suis pressé, une terrible journée m?attend, 2 rendez-vous super importants. J?ai dormi ½ heure tout au plus. Je suis vidé dans tous les sens du terme !
Troy a son avion pour New-York à midi, il me dit qu'il va essayer de le repousser, je quitte l?hôtel en lui laissant mon numéro sur un bout de papier et saute dans un taxi pour être à l?heure au bureau.
Je foire ma journée mais je m?en moque, j?attends?
Enfin il appelle :
Son, vol n'a pas pu être repoussé.
Il part à l'aéroport, il s'en va?
Il dit qu'il m'appellera, de toutes façons, je n?ai pas ses coordonnées
Je rentre à Paris un peu bizarre et définitivement changé puis plus rien
C?était en février 2004, je reprends ma vie d?avant avec ce souvenir dans un coin de ma tête. J?achète son parfum pour ne pas oublier.
En juin 2004, je sors d'un rendez-vous un vendredi soir, il fait beau, les enfants sont chez leur maman pour le week-end, je décide de flâner, de me promener un peu du coté du palais royal et au bout de 10 mn de marche, je m'assois par hasard à une terrasse.
Quelqu?un se plante devant moi et me dit : what are you doing here?
Qu?est ce que tu fais là ?
Je rêve, Troy est là devant moi et me parle comme si on s?était quittés le matin même.
Il a l?air très ému, il est à paris depuis la veille et cherche désespérément un moyen de me retrouver. Il a perdu mon petit papier mais depuis février, n?arrête pas de repenser à notre histoire.
Il a un dîner pro du coté de la bourse et s?est perdu, il passait par hasard devant ce café, il est à la bourre.
Il n?est pas allé à son dîner, on a passé le week-end ensemble, il est reparti le dimanche matin pour la Californie où il habite à présent. 9 heures de décalage horaire et une douzaine d?heures d?avion.
On se voit presque 2 fois par mois, à paris, à Londres ; aux US, ou ailleurs.
Tous nos déplacements pro sont calqués sur ceux de l?autre.
On se parle au téléphone le matin et le soir, s?envoie 15 emails par jour.
il me dit qu?il pense venir vivre en Europe avec son fils qui vient d?avoir 15 ans. On envisage de faire se rencontrer nos enfants. Un soir, à Londres, il me présente sa s?ur.
Je suis sur un petit nuage !
Une nuit, le téléphone sonne. C?est Carla sa s?ur !
Elle dit : it?s horrible, troy passed away, I?m so sorry?.
Je ne comprends pas, pourquoi crie-t?elle? Passed away ? Qu?est ce que ça veut dire ?
Pourquoi est-elle désolée ? Que se passe-t-il ?
Il est 2 heures du matin à paris, je ne suis pas bien réveillé !
Je lui dis que je ne comprends rien.
Elle dit :
Troy had an accident, he died.
La terre s?écroule sous mes pieds. Troy a eu un accident, il est mort.
Il vient de se tuer dans un accident de voiture sur une route de Californie alors qu?il rentrait chez lui. On s?est parlé la veille, on s?est vus aux US il y a 5 jours?
Non, ce n?est pas possible
Je raccroche sans même parler à Carla et retourne me coucher.
Personne ne connait Troy. Je suis le plus malheureux des hommes et ne peux en parler à personne. Je décide que Troy restera en moi, à moi seul.
Carla m?appelle pour me tenir informé des modalités des obsèques et pour me dire que ses derniers mots ont été pour moi.
Une semaine avant son accident, nous étions aux US, on s'est offert des grigris indiens qui sont censé te protéger, il est reparti avant moi, je l'ai déposé à l'aéroport et me suis aperçu qu'il avait perdu son collier dans ma voiture.
Le soir, il me dit de garder le collier, que je lui rendrais en mains propres la prochaine fois qu'on se verrait, dans une semaine?.
merci Philippe pour cette note de fraîcheur du 13/11/2006
Merci Philippe pour avoir donné un peu de légèreté à tout cela.
Je ne pensais pas en racontant mon histoire qu'elle déclencherait tout ceci. J'aimerais vous dire que c'est une blague mais heureusement/malheureusement, ça n'en est pas une. Cependant, je ne veux me souvenir que du bon dans cette histoire. hier est passé, demain est un mystére, aujourd'hui est un cadeau et c'est pour cela qu'on l'appelle présent.
Courage à tous....
je laisse juste un petit mot pour dire que ton histoire et toutes les votres sont des histoires dont tout etre sensible, romantique et rempli damour aimerait vivre effectivement la fin la plus tragique pour certain nest pas la finalité revé mais le plus important a retenir ds chacune de votre histoire est que vous avez trouvé LA personne et rien que pour ca meme sil nest plu la votre vie est un grand bonheur et la sienne précipitement terminée fut heureuse grace a votre amour
alor bravo...
Par discrétion pour les siens, et par fidélité à sa mémoire, je ne dévoilerai ni sa photo, ni son prénom. Il avait 21 ans alors, et moi 22. Incomparablement beau, au physique d'ange, ce garçon aura été pendant dix ans la personne qui aura le plus compté à mes yeux. Je n'avais de fait d'yeux que pour lui. je l'aimais, et il le savait. En théorie, il était mon meilleur ami, une sorte de frère que je n'avais pas, et j'étais celui qu'il avait toujours attendu. J'ai toujours pensé qu'il m'aimait plus qu'il ne fallait, lui aussi, au fond de son coeur. Cet apolon faisait pour moi des choses qu'il n'aurait fait pour personne d'autres, et laissait son physique être l'objet de mes fantasmes, sans préjugés. Lorsque je me lassais un peu d'attendre, que de son côté il se décida entre les filles et moi, et qu'il sentait que je quittais toute espoir qu'il me fasse l'amour un jour, c'est lui qui relançait les allusions, voire exhibait son corps... Je comprenais le message, le non-dit... comme étant, attend !, laisse-moi le temps de m'y faire moi aussi... ça viendra... N'avait-il pas dit que nous vieillerions ensemble !, après les filles ! Pendant longtemps il aura été le seul à connaître mon lourd secret, que je préférais les mecs, les petits mecs comme lui, et que je l'aimais, lui, plus que quiconque, en silence. Il souffrait, je crois, certains jours, il souffrait de ce mal que je vivais en moi. N'etais-je pas cet ami, ce frère, toujours seul, seul !, parcequ'il l'attendait lui... Seul pour lui ! Il vivait en couple avec une fille, nous étions tous étudiants. Elle se doutait, mais lui repoussait ses hypothèses de la main, et haussait les épaules. Mais il ne fallait jamais que l'on s'attaque à moi, jamais, ça, il ne le supportait pas ! Il souffrait au fond de lui, lui qui se faisait toujours si fort ! Il n'avait pu trouver l'amour en elle, et avait du mal à avouer son amour possible en moi, c'est du moins comme cela que j'ai traduits son geste. Un soir, il devait être 21h30 ou 22h00, pas plus, le téléphona sonna. Sa mère était à l'autre bout, et m'annonçait qu'un grand malheur était arrivé ! Je ne comprenais pas. Où était-il ? Puis la phrase tomba, dure et cruelle, boulversant mon existence pour toujours. Il s'était suicidé. Gazé dans l'après-midi, dans la voiture, dans le garage, sous la maison de ses parents. Cette après-midi de Noël, derniers jours de l'année 1994, en secret de tous, j'ai été orphelin d'un frère, j'avais perdu mon meilleur ami, et j'étais un veuf bien jeune... Cette année, dans quelques semaines cela fera douze ans. Et je n'ai jamais su me résoudre... la douleur est toujours là !, certes moins intense, mais bien présente, surnoîse. Personne n'a jamais remplacé, personne. J'ai aimé, vraiment beaucoup d'autres garçons, deux particulèrement, dont ici aussi je tairais les prénoms, et tous étaient comme lui, des bi... Aime-t-on ainsi, se faire souffrir, recherche-t-on des scénarios identiques ? Car tous, d'une façon ou d'une autre, sont partis, choisissant de vivre avec des filles. Et tous les deux gardent en eux la blessure de leur choix. Le premier n'aimait pas choisir, c'était trop dure, trop douloureux, les autres ont choisi... Ma douleur est à chaque coup renouvelée... Mais l'affection qui me lie à chacun d'eux, morts comme vivants, est restée intacte et profonde. Je les aime infiniment, veille sur les deux autres, et Lui, je le sais, veille sur moi, peu importe comment, mais je sais qu'il le fait... Salut mon petit mec...
Merci ARKH pour ton soutien.Tu as également connu ce malheur il y a 1 an et demi et ECCOLO 2 ans.C'est encore trop tôt pour faire votre deuil.Il m'a fallu 10 ans pour le faire et encore...20 ans après son départ, je pense encore souvent à lui malgré que j'ai rencontré un autre homme dans ma vie.Je vous souhaite beaucoup de courage.
J'ai été trés ému par ton histoire, elle a fait resurgir beaucoup de souvenirs enfuis. Mes pensées, mon soutien te sont adressées.
Ces histoires ont toujours une part d'ironie car sur un fond de magie, d'incroyable bonheur; la tragédie vient nous rattraper. Rien ni personne nous appartient et surement pas notre propre vie pour commencer. La seule chose qui compte c'est d'aimer.
Je suis de tout coeur avec toi.
Certaines personnes parviennent à vivre à nouveau réellement après un tel évènement... j'espère qu'il en sera ainsi pour vous.
Pour ma part, m'a vie s'est arrêtée il y a 1 an, quatre moi et 2 jours.
Comme Eccolo et d'autres semblent le faire, il faut ne penser qu'aux bons moments, ces bons moments qu'on a eu la chance de connaitre, car très peu ont cette chance.
En tout cas c'est ce qu'on dit pour se persuader qu'on va bien et qu'on peut vivre. Mais ça ne suffit pas toujours.
En tout cas, je souhaite à Eccolo, à toutes et à tous qui connaissent ce malheur, de reprendre goût à la vie.
Merci pour les commentaires. cette histoire s'est passée il y a 2 ans, il ne se passe pas une journée sans que je pense à Troy. Cependant, je ne ressens pas de tristesse car je le sens en moi dans chacun de mes instants. j'ai son parfum qui est devenu le mien, le notre.
et surtout, la peine que j'ai eue en le perdant ne pourra jamais me faire oublier le bonheur de l'avoir rencontré....
j'ai plusieurs amis qui ont perdu leur ami dans des circonstances dramatiques comme celle-là... la vie c'est souvent triste ; il faut à totu prix vivre dans le souvenir des petits bonheurs qu'elle nous apporte. Que le souvenir de Troy puisse te réconforter
J'ai connu pareil qui remonte bien loin(1987) mais dans mon coeur c'était hier.
Il avait 19 ans et moi 27. L'année prochaine , il y aura 20 ans qu'il sera parti en voiture un soir à Bruxelles pour ne plus jamais revenir me dire dans l'oreille "je t'aime ..."
J'ai refais ma vie, mais Carlos restera dans mon coeur jusqu'à la fin de ma vie. Et comme chante Ch.Aznavour "Nous nous retrouverons, un jour où l'autre...."
Je n'ais pas envie de me souvenir la fin de ton histoire ... le début est tellement magique ! La vie est sous toutes ses formes, belle, mystèrieuse et cruelle. Il faudra du temps, beaucoup de temps, pr ne pas oublier, mais seulement accepter et vivre "normalement"....