Deux mois ! Deux mois que j?étais seul , à ne plus avoir envie de rien, à ne plus manger, ne plus dormir, ne plus avoir aucun désir !
Oui, je l?avais aimé cette espèce de salaud qui me faisait des « je t?aime » les yeux dans les yeux. Son sourire asiatique m?avait tellement fait craquer que j?étais sur que nous resterions tous les deux jusqu?à la fin de ses études en France. J?aurais tant aimé être là, le jour du départ de l?avion Paris- Pékin qui le ramènerait chez lui. J?aurais aimé pleurer de le voir s?éloigner en étant sur que nous garderions le contact.
C?est dingue cette naïveté dont j?ai pu faire preuve sur ce coup là. Il aura fallu que je sois hospitalisé quinze jours pour une vilaine hernie discale, pour le voir s?éloigner progressivement de moi, puis tristement le libérer, parce que je trouvais qu?il me négligeait trop.
Mes vertèbres reprenant progressivement leur place normale, je fus autorisé à regagner mon domicile, mais bien sur, pas avec ma propre voiture. Je fis appel à mon meilleur ami, celui qui m?amenait Wei à mon chevet, pendant cette période difficile.
- Mon bon Henri, tu vois, je devrais être heureux de sortir de cet hôpital et pourtant, je suis triste parce que tu sais, Wei me manque et parfois, je regrette de l?avoir quitté et je suis bien triste de tout cela. C?est quand même trop con d?être obligé d?avoir un souci pour perdre la personne qu?on aime.
- Ecoutes Thierry, on est amis ou pas ?
- Oui évidemment Henri
- Je dois te parler alors. Je viens de ramener Wei chez lui, en fait, il est chez moi depuis hier soir et nous avons passé la nuit ensemble.
J?avoue que cette confession, de la part de mon meilleur ami ne m?a pas vraiment réjoui, mais devant cette honnèteté à m?avouer quelque chose que je n?aurais pu très bien ne jamais savoir,je n?ai trop rien dit, mais chez moi, j?avoue avoir longtemps pleuré.
Le samedi venu, à l?encontre des recommandations médicales, je décidai d?aller me changer les idées dans mon bar de nuit préféré, un endroit très gay que je fréquente depuis pas mal d?années maintenant et ou je connais toute l?équipe du Boss aux serveurs en passant par le d.j.
J?allais pouvoir souffler, enfin.fini cet univers aseptisé rythmé par les soins, les repas à heures fixes, les programmes de la télévision française et les réveils la nuit par ces dames les infirmières.
-Salut ! Ca fait longtemps dis donc ! Ça va ? smac smac tu prends un verre ?
-Alors, il paraît que toi et Wei, c?est fini ?
-Bah ! ouais. Tu sais je ne suis pas très heureux de cela, pourtant c?est moi qui l?ai quitté, tu sais.
-Bon, on te dirait bien quelque chose mais on est un peu gênés.
-Allez-y les gars dites moi ce que vous avez à me dire, sinon, je vais repartir avec des interrogations et je vais cogiter.
-Ok.Tu sais, tu venais ici souvent le week end avec Wei, mais lui, venait aussi seul en semaine et repartait presque toujours accompagné. En fait, nous lui avions parlé que la situation nous gênait vis à vis de toi, parcequ?on sait à quel point tu es sérieux et tu ne trompes jamais tes mecs quand tu vis une histoire, mais il nous répondait qu ?il se foutait de toi, que tu ne l?intéressais que parce que tu t?occupais bien de lui, l?emmenant au restaurant, au cinéma régulièrement, payant systématiquement les consommations.nous avons même fini par lui interdire l?accès au bar tellement il nous a éc?uré vis à vis de toi.
Ce soir là, je crus que le ciel me tombait sur la tête. Pourtant, je le connaissais, le milieu Gay et je savais à quel point on pouvait se faire avoir. Mais comme je j?avais vécu uniquement de belles et longues histoires avant celle ci, je cois que j?avais perdu cette notion de méfiance.
Les semaines qui suivirent furent un véritable cauchemar. J?en voulais terriblement à ce sale mec qui m?avait trahi, abusé, trompé, méprisé,bléssé au plus profond de mon orgueil.
Le pire était que je servais d?adresse postale à Wei pour ses courriers d?inscriptions dans les universités ce qui impliquait une obligation de le voir pour les lui remettre.
Je fis une seule fois l?espérience. En fait, ça m?a rendu tellement malade que les fois suivantes, je préférai scotcher ses foutues lettres à ma porte, avec une que j?avais rédigé moi-même expliquant pourquoi je ne pouvais plus le voir.
-Bon sang Thierry, tu as perdu quatorze kilos en deux mois, tu ne dors plus, tu n?as plus envie de rien, tu es sale et chez toi, c?est sale. Tes bonsaï sont tous crevés parce que tu ne les arrose plus. Tu veux quoi ? Te suicider ? Tu deviens fou .Attends.Pour une pute ? Tu crois qu?il en vaut le coup ? Non, j?avais raison de me parler ainsi. Juré ! C?était mon premier et dernier anniversaire seul et j?allais me secouer pour aller mieux. Et puis avec tout ce poids en moins c?est vrai que je ne suis pas si mal, moi qui n?arrivais jamais à perdre le moindre gramme. Et toutes ces musiques que j?ai composées avec mes synthétiseurs et mon ordi pendant ces deux mois de mélancolie bon sang ! Elles sont belles ! Ils ont bien raison ceux qui disent que la mélancolie aide à la création.
Je décide d?essayer un truc. Puisque je suis équipé d?une connexion à Internet à haut débit et sans forfait, pourquoi ne pas essayer de rencontrer un garçon bien ? Je pense que des mecs avec la même conception de la relation que moi doivent bien exister. Allez hop ! Je mets des annonces sur des serveurs gay.Après tout, un nouveau petit copain pourrait me faire oublier cette sale histoire et tourner définitivement cette page de plomb.
-35ans,fidèle honnète, pas intéressé par le sexe « fast food » cherche jeune mec ayant envie de construire quelque chose?Je mets une photo .C?est vrai après tout je ne suis pas si moche !
J?en profite pour éplucher les annonces existantes et envoyer des tonnes de mails (je crois que si j?avais reçu autant de réponses que de mails envoyés, je crois que ma boite aux lettres aurait explosé)
Des réponses j?en ai eu, entre les « oui d?accord tu ne cherches pas du sexe en priorité mais ta bite, elle mesure combien ? » Ou « tu es actif ? Passif ? Domi ?Soumis ? » Les abrutis !
Je finis tout de même par entretenir des correspondances avec quatre garçons qui semblaient présenter des sensibilités qui ressemblaient aux miennes, mais sans toutefois me faire craquer. Je me sentais un peu « directeur des ressources humaines » à la recherche d?un employé et obligé de faire un choix .
Puis un »salut » qui soudain s?affiche dans ma direction sur un forum de discussion gay suivi d?une discussion très intéressante, voire touchante et on se retrouve le lendemain, même heure, même endroit. Un, deux, trois, quatre, dix mails, un appel téléphonique et enfin ,au bout d?un mois : -Tu es libre cet après midi ? Je suis prêt à te rencontrer. Et pourquoi pas ?
Vite, salle de bains, fer à repasser, mon Aquaman de Rochas, je stresse un peu. Qui vais- je trouver ?
Je roule vite, trente kilomètres à faire et un peu de recherche du lieu de rendez vous et évidemment je suis en retard, mais il est là. Ce n?est pas un lapin comme c?est le cas une fois sur deux.
Il a la moitié de mon age. Il est beau ,splendide même .Il a un visage d?ange.Il n?ose pas soutenir mon regard et rougit.
Je suis plus vieux, c?est donc à moi de tout faire pour le mettre à l?aise alors je lui suggère de monter dans ma voiture, il obtempère.
Tu m?emmènes ou ? Lui demandais je.
Perplexe et géné, il me répond qu?il s?en fout du moment qu?on roule et qu?on parle.
Nous avons parlé effectivement, beaucoup, de tout et de rien, de son homosexualité, mal assumée, du fait qu?il n?avait jamais eu de copain ,de ses parents qui se doutent .
-Tourne à droite. Me dit il ?Tu vas voir ici c?est la brèche du diable, c?est beau.
Alors je tourne, me gare et nous marchons. Nous arrivons dans un lieu magnifique ou la lumière filtrée par le feuillage de vieux arbres éclaire une succession de petites cascades ou une eau limpide coule en faisant un doux bruit et en générant une brume, douce.
Quel endroit romantique ! On dirait un poster de paysage japonais .
Ce silence, ce calme, cette lumière reflétant toute la beauté de mon jeune guide soulevait en moi une très forte émotion et doucement, je pris sa main qu?il ne refusa pas de me donner.
Je le pris dans mes bras, il tremblait, mais me serra très fort.
Je lui donnais alors son premier baiser, un doux baiser que je ne suis pas prêt d?oublier.
Nous n?avons pas fait l?amour ce jour là, mais j?ai bien senti que nous avions la même erection. De retour chez moi, je changeai de slip parce qu?il était, ma foi, fort taché et m'auto soulageai .
Cela fait un mois maintenant que nous nous voyons. Je suis heureux de ne commencer à découvrir une sexualité avec lui seulement maintenant, parce que nous avons pris notre temps, pour mieux nous connaître, nous respecter mutuellement et laisser monter très haut le désir.
Nous faisons l?amour merveilleusement et je crois que je tombe amoureux. Lui, me dit qu?il m?aime , ses yeux brillent et je le crois .
Pendant ce temps il y a un petit chinois qui brise des c?urs ailleurs ,mais je m?en fous maintenant .Je suis certainement plus heureux que lui ,parce que ce que je vis aujourd?hui n?est pas bidon. La vie reprend son cours.
salut thierry
je te reconnais enfin, j'espere que maintenant tu es revenu sur terre apres toutes les frayeurs que tu m'as fais. sois tres heureux avec bertrand, mais fais attention quand meme de ne pas retomber dans une galére, car il est tres jeune ne l'emmene pas dans les endroits homo trop dangereux surtout avec la belle ptite tete qu'il a, et je suppose autre chose d'apres se que tu m'as dit. j'espere que nous resterons amis encore tres longtempsj'espere te voir bientot dans mon bar homo à ouistreham ( le SWEETY LOFT), j'en profite pour me faire un peux de pub. continue à me faire de la bonne sic, tu peux etre sur que julien la passera sur la sono, car d'apres se que je sais, nous avons la meilleur sono de la région, mieux que le phil et le zinc et nous la faisons bien tapper.gros bisous et sois tres heureux tu le mérite énormément.HENRI
En lisant ces quelques lignes mon coeur me dit tiens tu n'es pas le seul... pas le seul á t'être fait avoir mais aussi pas le seul à avoir été heureux après avoir vécu ton cauchemard.je pense que nous sommes tous sur la même galére parfois la mer est calme parfois plus agitée mais si on tient bien la barre on s'en sort toujours.....merci pour ton histoire
Bravo ! il est bon de se sentir aimer et c'est la preuve que l'amour peut guérir tout les maux. Je te souhaite bonne chance et bon courage pour l'avenir. Qu'il soit radieux !