Hier j?ai décidé de faire mon coming-out auprès de ma famille.
J?y avais pensé la veille avant de m?endormir et dans cet état de mi-somnolence qui nous fait voir les choses plus clairement, j?ai su que c?était le moment ou jamais.
Ce soir-là, rien de spécial. Juste papa et maman attendant le dîner. Pour le frère, on verra plus tard. Il ne devrait pas poser trop de problèmes. Un, deux,...
Trois : « Bon voilà, je suis content que vous soyez là tous les deux, j?ai quelque chose à vous annoncer. »
Les mains tremblent, la voix est cassée, le regard devient de plus en plus flou et à présent le seul moyen de me défiler convenablement de ce merdier est de leur annoncer de but en blanc que j?ai une de ces maladies incurables et qu?il ne me reste plus que quelques jours à vivre. Là j?aurai les félicitations du jury. Mais non, la sortie serait presque trop facile. Je ravale ma salive. Papa et maman sont assis face à moi. Apparemment ils attendent.
« Je ne sais comment commencer... Voilà. Comment dire ? Vous ne m?avez pas souvent vu avec quelqu?un... Jamais d?ailleurs. » Les visages se concentrent. Tuez-moi maintenant ! « Je suis amoureux... » Papa sourit.
« D?un garçon. » Papa ne sourit plus.
Un immense silence s?installe dans la cuisine. En fond sonore, le mijotement du dîner. A mon avis on va manger cramé ce soir.
Extraits et morceaux choisis :
« Ne commence pas à pleurer maman. Ce n?est pas grave... Il fallait que je vous le dise. Je ne pouvais plus vivre de la sorte, en cachette... »
« Quoi, papa, tu veux que je fasse mes valises et prenne la porte ? Je viens de terminer mes études, j?ai un métier et cela ne me gênerait en rien. D?ailleurs c?était dans mes intentions mais je voulais rester encore un moment chez vous, avec vous... »
« J?aurais dû le dire plus tôt alors ? Là, si vous m?aviez foutu à la porte, ç?aurait été un léger problème. Arrête de pleurer s?il te plaît maman. »
« C?est comme ça, on n?y peut rien... »
« Tu n?auras jamais de petits enfants ? Ca ne veut rien dire et puis il y mon frère, il vous en donnera un de la portée si vous voulez... Quoi, c?est pas très drôle ? Il est... stérile ? Euh, ça s?adopte ces machins là non ?... C?est pas pareil ? C?est de la connerie ça ! On aime ou on n?aime pas. Il suffit de le vouloir. »
« Vous auriez quand même préféré ne pas le savoir... Vous avez peur de ce que vont dire les voisins. Mais vous ne savez même pas qu?ils ont déménagé le mois dernier. Vos collègues de bureaux ? Vous leur mentirez, ou alors vous leur répondrez la même chose qu?auparavant : « vous savez, mon fils ne me raconte pas grand-chose ». La tante Anne-Marie ? Elle, elle a qu?à s?occuper de son propre fils qui a mis en cloque la première qu?il ait trouvée dans la rue, ça lui occupera l?esprit un petit moment. »
« Papi et mamie ? Je préférerais ne pas les mettre au courant. Ils seront bien mieux comme ça. En fait, c?est pour eux que je n?ai rien dit. Je ne veux pas leur causer de chagrins... Et à vous, donc, ça ne me fait rien de vous en causer ? Oh que si... Alors pourquoi je vous le dis ? Bin parce que vous auriez fait le rapprochement un jour. Vous ne vous êtes jamais douté de rien ? Vous n?êtes pas curieux ou alors vous vous en foutez... Quoi, qu?est-ce que j?ai encore dit ?
« Si je serais heureux comme ça, je ne peux vous l?assurer. Mais qui peux assurer d?avoir le bonheur éternel ?... Vous avez peur que je ne trouve jamais l?amour. Moi, j?espère que si... Les homos sont des êtres comme tout le monde. Des fois ça marche, des fois non. Mais on a les mêmes envies que les hétérosexuels : un bon travail, une petite maison, des enfants monstrueux ou à défaut une quantité de chiens remuants. Et en prime par rapport aux autres, une sexualité épanouie... Je vous choque ? Ne me la jouez pas prude, lorsque vous m?avez fait, je doute que le but est été d?avoir un joli petit garçon neuf mois plus tard. Vous aussi vous avez peut-être des envies... je me trompe ? »
« Si j?ai le SIDA ? NON !!! »
« Est-ce que je mets des capotes ? Il ne me semble pas que vous ayez posé cette question à mon frère qui, entre nous soit dit, a une vie sexuelle beaucoup plus débordante que la mienne. Je sais, ce n?est pas pareil. Bon OK, je vais vous le dire, mais on ne reviendra plus sur le sujet, cela ne regarde que moi. Oui, j?utilise des préservatifs lors de chaque rapport, même plusieurs. Promis, je ferais toujours attention. »
« Si je pouvais changer ? Avec le temps ? Je ne sais pas si j?en ai réellement envie. Bien sûr, ma vie aurait été beaucoup plus simple, mais je ne l?ai jamais imaginée comme tel, alors... J?ai toujours été comme ça. Vous devez vous souvenir que j?aimais pas beaucoup jouer au foot quand j?étais petit. C?est vrai ça ne veut rien dire. Mais n?empêche j?aimais beaucoup traîner dans le placard de maman. »
« Et ce garçon, quand voulez-vous que je vous le présente ?... Jamais ?... Vous risquez de ne plus me revoir avant un bon moment je préfère vous le dire maintenant... Un autre moment, plus tard ? D?accord. »
« Voilà, ça soulage. »
« Ce que j?espère, c?est que vous me verrez toujours avec les mêmes yeux. Je sais, cela n?est pas évident ; mais moi je n?ai pas changé, c?est juste votre connaissance qui est plus complète. »
« Allez maman, ne pleure plus, ce n?est pas grave... Vous savez que je vous aime, hein ? »
C?est décidé, demain je ferais mon coming-out. Promis.
merci pour tes éclairages. Moi je n'ai toujours rien dit. J'ai peur et pourtant... je compte utilisser tontexte si tu me le permets. Certains ont ri moi ce sont les larmes qui me montent aux yeux, je me dis et si ça pouvait se passer comme cela... Merci encore
Laurent
Bravo pour la description, de ce passage à "l'acte", je me revois il y à peine un an de cela; C'était au mois d'août je me suis décidé à faire la grande "annonce" à mes parents, car j'allais quitté ma région et m'installé avec mon chéri, mais celà a tourné plus court tout de même, le dialogue n'étant pas un point fort dans ma famille (ma mère en larme; mon père me demandant si j'avais bien réfléchi aux conséquences, le "qu'en dira t on" leurs amis, voisins et la Famille; et moi rentrant chez moi en larmes malgré le fait que je me sois préparé à m'en prendre plein la tête, connaissant leur opinion sur le sujet) Mais le temps faisant, la distance aussi peut être, le dialogue est revenu doucement, courriers pour commencer pour bien expliquer le pourquoi du comment, et essayer de leurs enlever des préjuger) le teléphone ensuite, pas facile, et enfin à ma grande surprise, la demande de ma mère que je lui envoie une photo de mon "mec", puis et plus tard j'en suis resté sur le cul, leur annonce de venir nous rendre visite (à paques); et celà c'est terminé par "c'est mieux que ce soit nous qui soyons venus" (pour la première rencontre); depuis mon chéri à droit à un bonjour au tel.
Entre temps j'ai mis mes grand parents au courant et là aussi grande surprise, ils s'en fichent du moment que je suis heureux et qu'ils continuent de me voir (75ans passé, rural de chez rural), comme quoi les idées reçues!!
Et le mois prochain, c'est le grand plongeon dans la famille lors d'une fête.
Voilà pour finir, je ne regrette absolument pas cet orage (même si ça fait tres mal), car aujourd'hui fini les cachoteries, je me sens tellement bien ainsi; je ne peux que conseiller de franchir le pas mais en prenant le temps de la réflexion tout de même (quelques lecture existe: voir la rubrique "c'est à lire" Julien toi qui préfère les hommes). et si ça se passe mal, laisser le temps pour que le dialogue revienne, et comprendre que les rêves d'avenir que nos parents ont fait pour nous s'écroulent en un instant, leur laissé le temps d'accepter cette parie de nous, comme il nous a fallu nous accepter nous même ainsi.
Bien à vous
@++ Xavier
Je suis désolé.
C’est vrai, tu as peut-être raison...
Je comprends que mon histoire puisse instaurer le doute dans l’esprit de certains jeunes qui ne savent comment annoncer la chose.
Je ne voulais pas du tout effrayer mais poser à plat toutes les réactions possibles des parents...
Afin que chacun puisse se sentir fort au moment de l’annonce. Parce que l’on aura déjà préparé toutes les réponses...
Bien-sûr que certains parents ne réagiront pas du tout de la sorte.
Les temps ont changé et cette réaction deviendra de plus en plus imbécile...
En fait, ce dont je suis le plus désolé, c’est que cette histoire soit bien édulcorée par rapport à ce qui s’est passé dans la réalité.
« Jouer à faire peur », tu écris...
Jouer ne me semble pas le bon mot.
J’ai juste pris le parti d’y faire face. Et écrire cette histoire fait aussi partie de ma réaction vis à vis de ma propre histoire.
Pour les autres :
Oui, j’ai fait mon coming-out.
Oui, j’ai dit à peu prés les mêmes choses.
Non, ça ne s’est pas bien passé. Pas bien du tout même.
Oui, je regrette d’avoir fait du mal à mes parents.
Mais c’est une autre histoire... Dans ce texte, je voulais juste me positionner du côté de l’annonceur.
Et lui donner malgré tout une attitude positive face à ce qui lui arrive.
Oui, j’y repense très souvent comme l’un des pires moments de mon existence.
Même si cela s’est passé il y a deux ans, c’est toujours aussi désagréable d’y repenser.
Mais non, je ne regrette pas d’avoir fait mon coming-out.
Pas du tout. Parce que, depuis, je suis vraiment à l'aise dans mes pompes. Et y'a-t-il tellement de gens capables de dire cela ?
Non, moi je trouve cette histoire débile: un concentré de tout ce qui peut éventuellement tourner mal, histoire que les mecs restent plombés dans leur double vie. Mon expérience et celle de la plupart de mes amis (c'est par prudence que je ne dis pas "tous", mais je ne connais pas personnellement de gay ayant fait son coming out pour qui ça se soit mal passé) est beaucoup plus positive.
Bien sûr il vaut mieux s'y préparer: le plus important est de le présenter positivement (ni aveu ni excuse, plutôt: comme je vous aime je tiens à ce qu'il n'y ait pas de malentendu...). Personnellement j'en avais préalablement parlé à deux amis de la famille dont je savais qu'ils n'auraient pas de problème (pour eux c'est aussi émotionnellement moins lourd), de manière à ce que les parents puissent avoir aussi quelqu'un à qui parler.
Ton histoire est boulversante et bien écrite. Je suis certain que plusieurs mecs et moi-même, sauront en tirer des enseignements. Pour moi ton histoire est de la psycho pure et c'est tout en ton honneur.
Chapeau ! bonne chance et continue comme ça.
bisous
RYAN
J'ai adoré les histoires que tu as écrites, mais celle là est quand même ma préférée !!!
Je ne sais pas si elle est vraie mais je n'ai pas spécialement envie de le savoir. Elle n'est pas excitante et donc ne va pas plaire à certains mais moi je la trouve tellement touchante !!!!
J'ai moi même annoncé mon homosexualité à mes parents il y a environ un an mais j'ai eu beaucoup plus de chance. Je m'en rends compte en lisant ton histoire, mes parents sont vraiments très compréhensifs, ou en tous cas ils essaient de l'être.
Je conclurais par ces quelques mots : continue à écrire, tu fais ça si bien !!!!
Alors tu l'as fait ... ton coming out ?
Tu l'aurais pas fait ... tu ne pourrais imaginer la situation si véridique ...
mais tu as une telle imagination et un tel savoir faire dans la manipulation du lecteur ...
j'en ai marre de rien comprendre ... de pleurer quand il faudrait rire ... et de rire avant que d'éclater en sanglots ...
Je te hais ... à quand la suite ...
JE N'AI PAS EU A FAIRE MON COMING OUT PUISQU'UN AMANT ECONDUIT S'EST OFFERT UNE PETITE VEANGEANCE PERSO EN L'ANNONCANT A MES PARENTS!!!
J'AVAIS 21 ANS,J'EN AI 50 AUJOURD'HUI
CELA S'EST PRODUIT A UNE EPOQUE OU LE TERME "COMING OUT"N'ETAIT PAS A LA MODE....MAIS A 30 ANS D'INTERVALLE,LES REACTIONS DES PARENTS OU AMIS RESTENT SEMBLABLES ET TU AS BIEN RESUME LA SITUATION DANS TA PETITE HISTOIRE......
TOUT DEPEND DES CIRCONSTANCES DE L'AVEU,MAIS JE PENSE QUE LE L'ON SE SENT BIEN MIEUX APRES MEME SI LES REACTIONS DE L'ENTOURAGE SONT MITIGEES,VOIRE HOSTILES!!
J'EN AI VOULU AU DEPART A CE PETIT AMI DE L'EPOQUE,AVEC LE RECUL JE LUI DIT "UN GRAND MERCI"...IL M'A RENDU SERVICE ET A PEUT ETRE CONTRIBUE A ME FAIRE DEVENIR L'HOMME QUE JE SUIS AUJOURD'HUI......SA DEMARCHE M'A AIDE A FAIRE MON COMING OUT AUPRES DE COLLEGUES DE TRAVAIL QUELQUES ANNEES PLUS TARD....CA S'EST TRES BIEN PASSE!!!
JE SUIS SUPER BIEN DANS MA PEAU ET DANS MA TETE.J'AI UNE VIE ET UNE SEXUALITE EPANOUIES...
JE VIS UNE SUPERBE HISTOIRE D'AMOUR DEPUIS 18 ANS...ET CETTE HISTOIRE,JE LA VIS AU GRAND JOUR,SANS HONTE AUCUNE ET SANS AVOIR PEUR DE LA REACTION DES AUTRES.........
JE NE FAIS RIEN POUR PROVOQUER AUTRUI,MAIS JE NE ME CACHE PAS NON PLUS....IL FAUT VIVRE SIMPLEMENT CE QUE L'ON EST SANS SE POSER DE QUESTIONS...LA VIE EST BIEN TROP COURTE POUR SE LA COMPLIQUER DAVANTAGE!!!!
VIVEZ!! ECLATEZ VOUS!! ET SI DES REACTIONS HOSTILES SE FONT SENTIR,APPRENEZ A VOUS EN FOUTRE!!
GROSSES BISES A TOUS...CHRISTIAN