Je sais désormais à quoi ressemble ma vie lorsque je décide de la vivre entièrement.
J?ai pris ma part de bonheur. Je la sais derrière moi. Je n?ai pas eu la chance de me resservir. Le destin ne m?en a pas laissé le temps. Son prénom me brûle toujours autant les lèvres lorsque je le prononce. Je m?angoisse encore lorsque je me retourne vers mon passé, directement lié à lui. Vis à vis de ma famille et de mes amis, je simule les plaisirs des bonnes choses alors que ces derniers me blasent plus qu?ils ne me distrayaient.
Je suis là, près d?eux, avec eux, uniquement pour eux, pour qu?on m?imagine guéri de ce mal qu?ils ont baptisé « dépression ».
Oui je suis là, j?en suis là, comme un automate aussi soumis qu?un disciple pourrait l?être envers son gourou. Je suis là mais ce n?est pas moi, je le sais.
Moi, je suis tel que je suis dans les bois ou sur les parking, dans les cabarets enfumés qui colorent mes insomnies, ou près de mon unique amour dans le meilleur des cas.
Mon nid feutré, sésame d?exception, n?existe plus. Il n?a pas résisté à ce besoin insatiable d?aller voir ce qui se passe ailleurs. Ai-je donc masqué ce qui est pour moi insurmontable ?
Je ne veux pas me confondre dans l?infidélité qui distingue les couples homosexuels.
Il n?y a donc que la trahison qui nous anime. Quel est donc le moteur de ce jaser pulsionnel qui nous oblige malgré nous à goûter aux délices d?autres chairs toujours plus excitantes ?
Je me suis cru épargné par cette perversité. Je me suis lamentablement surestimé, pensant bêtement me différencier de ce lot si glauque. Ce corps jeune, frêle et neuf qui repose ce soir dans mon lit me prouve le contraire. Non, le temps n?efface pas tout. Il régénère le corps et modifie les apparences, c?est tout.
A travers ce corps ressemblant, c?est Cedric que je cherche.
Cédric ne s?éloigne pas de moi lorsque je me laisse aller aux actes primaires de la vie. Il marche désormais prêt de moi, fondu dans mon ombre, plus léger mais toujours aussi présent.
Pas un jour ne passe sans que je ne pense à lui, à la douceur de ses caresses. Jamais je ne saurais me défaire de lui. J?étais à lui, rien qu?à lui. Je le resterai. Je n?appartiens à personne sauf à celui qui a su me fendre mon armure au contact de son corps.
Je m?étais promis de ne plus retourner dans ce café gay de province insalubre et exigu, cible privilégiée de quelques pitoyables flicards zélés . Je le trouve beaucoup trop sombre, lui qui doit incarner l'extravagance de notre insouciance, qui doit incarner la vie, lui qui tente vainement de nous la rendre plus lumineuse, flanqué de ses affreux canapés d?un cuir rouge trop tapageur. Cette décoration de réactionnaire ne rime à rien. Elle nous caricature.
Je m?étais juré de ne plus y venir mais j?y suis. J?y retrouve ces canapés.
Ils représentent bien plus qu?une simple défaillance des couleurs. Ces canapés là sont imbibés de toutes les essences corporelles. Ils ont absorbé des larmes et des alcools, les prémices de la vie. Ils ont protégé et porté en toute discrétion un nombre impressionnant de jeunes hommes collés bouche à bouche que la moralité réprouve. Ils sont les témoins muets de toute la complexité de notre état. Ils connaissent par c?ur toutes ses paroles de feu qu?on chuchote au creux de l?oreille d?un amant de passage.
Ces canapés là, même si on prétend ne pas les supporter, si ce n?est même à la vue, on finit toujours par en apprécier le confort.
Ce café ressemble de près à un vulgaire bordel. Mais, ici, loin de tout, nous n'avons que ce lieu pour nous rassembler.
Je ne voulais pas y venir au bordel. J?y suis allé quand même sans trop me faire prier. J?ai dis à mes amis que j?irais y chercher l?ambiance pour ne pas me discréditer.
Ce soir, les clients festoient sans retenue dans une décadence qui ne me choque plus, comme chaque soir d?ailleurs, ici et en d?autres lieux. On dirait que la terre ne tourne que pour eux.
Le balaie incessant de ces jeunes hommes de tout âge qui viennent et vont de la piste de danse aux toilettes me rappelle les heures les plus sombres de ma jeunesse. Celle ci est faite. Maintenant, j'ai rejoint le clan des militants de l'amour et de la fidélité, ce clan si fermé dans lequel chacun désire entrer mais ou personne ne reste.
Je n?irai pas aux toilettes, ni dans cette ignoble « black-room » qui abritent sans doute une orgie à laquelle nos intellectuels n?ont pas su encore donné de nom précis.
Sommes nous véritablement dotés d'une consience pour accomplir ou tolérer ces actes honteux dont on ne trouve aucune similitude chez les autres mamifères, mêmes pas chez les chiens ?
Qui sont ces hommes qui donnent ou prêtent leur corps sans la moindre exigence morale ? Ces anti chambres de la déchéance humaine détruisent les individus, à petit feu. Du vert paturage, par une journée d'été, on ne retiendra que la bouse de vache dans laquelle on marche.
Nul n'est assez fort pour s'élever contre ces destructions volontaires collectives, contre ce constat évident de l'échec, qui me torture.
Ma délivrance, c'est la mort. Je suis prisonnier de mes principes. Ces principes là ne survivent pas chez nous.
Qui suis je moi même pour ne pas me révolter vis à vis de mes amis qui s'investissent dans ces lieux là ?
Je demeure un homme, dans toute sa fragilité, rongé par son envie de vivre, de mourir aussi.
Tout cela me dépasse et me désole, surtout.
Suis je le seul à penser que l'acte sexuel doit demeurer l'expression même de la passion amoureuse ?
Sous le poids écrasant du diktat de la perversité et de l'absence totale de toute sentimentalité, Humanité, j'écris ton nom !
Je suis venu chercher l?ambiance, rien que l?ambiance, une compagnie compatissante peut-être, nullement la bagatelle.
Quelques verres suffiront à me dégripper pour une détente complète, véritable amorce de ce qui pour moi ressemblerait à une soirée un peu plus meilleure que mes soirées ordinaires.
Raphaël me connaît bien. Ce n?est pas un ami de longue date mais c?est le premier gay à qui j?ai pu confier mes tourments.
Nous n?avons jamais couché ensemble. Notre relation correspond en sorte à l?amitié si particulière qui unit un homme à une femme dans les milieux standards sans pour autant qu?il existe entre eux un rapport sexuel. Raphaël me sait seul. Il me devine malheureux. Je le suis. Je le cache de plus en plus maladroitement derrière mes éclats de rires qui sonnent faux.
Grâce à son ?il tout aussi avisé que le mien, Raphaël remarqua que mon attention s?était focalisé sur l?un des clients du bar. Que m?inspire réellement ce garçon assis sur ce tabouret ? Mon c?ur ne parle plus, il a été jeté aux fauves. Je n?ai rien à dire ni à en penser. Nos corps s?exprimeront pour nous sans se préoccuper de nos prénoms et de nos personnalités. A quoi bon se voiler la face puisque seul le sexe bestiale a une importance. Est-ce le bon endroit ici pour rencontrer quelqu?un qui pense le contraire ? Non, ici, nous venons tous chercher la même chose. Ceux à qui cela déplaît n?ont qu?à rester chez eux vivre leur vieux jours en bonne santé avec pour compagnie l?impression douteuse d?avoir gâché leurs vies. L?échec résultera de nos vies sentimentales, tôt ou tard. Quelle utopie retient ces gens ?
Raphaël m?incite à engager la conversation avec ce garçon dont la beauté nous désarçonne.
Je n?ai jamais joué le rôle du Seigneur. Je n?en ai ni le courage, ni la force, ni l?envie. Je laisse à Raphaël le soin de neutraliser cette proie pour son propre compte. Son allégeance envers l'être complexe que je suis mérite bien une récompense.
Non, finalement, je préfèrerai rejoindre la table de Jean et Benoît pour y entendre les derniers potins de notre petite jet-set et quelque histoire drôle. J?y boirais du whisky, nous rirons de tout et de rien pendant que Raphaël sera aux toilettes. Nous y dépenserons notre argent puisque nous n?avons pas de famille à charge. Nos amis sont notre famille et c?est déjà le commencement d?une lourde charge.
Jamais je ne me serais imaginé ma vie telle qu?elle est aujourd?hui, scindée entre deux blocs distincts, condensée le plus strictement à l?alternance du jour et de la nuit, sans intervalle ni temps mort. Ma vie professionnelle avale toutes mes journées. Je l?ai voulu ainsi pour ne plus penser à moi. Je gaspille le peu de temps libre qui me reste, éveillé et luttant contre la fatigue physique dans le seul bar homosexuel de notre cité, jusqu?à ce que mon corps n?en puisse plus et me réclamae un peu de sommeil. Dans ce bordel, j?y ai des bons amis, des relations compatissantes et quelque connaissances de petites vertues.
Les semaines passent, se suivent et se ressemblent. Je ne sais plus pourquoi je vis mais je sais pourquoi on me paie. Toute mon existence tourne autour de cette fiche de paie. C?est ma seule gloire. Je la trouve cynique, moi qui attache si peu d?importance aux conditions matérielles.
En gagnant le combat de l?acceptation de soi, je pensai avoir gagné ma guerre.
Lorsqu?on est parvenu à s?accepter tel qu?on est, à comprendre sa différence, à la vivre, lorsqu?on a eu la force de se révéler aux autres, on entre dans un état de grâce, on croit la partie jouée, insolent comme au premier jour de notre adolescence, fort de nos projets les plus audacieux..
Le temps perdu ne se rattrape pas. Il ne se rattrape jamais mais il peut se compenser.
Cette compensation, je l?exige. Je la revendique sans contrepartie. Je la réclame de droit, sans délais. Je veux le morceau entier, sans en perdre une miette.
Cette compensation, je pensais la trouver facilement en fréquentant les milieux autorisés.
Dans ces bars et dans ces clubs, j?ai cru y apercevoir maintes fois la lumière du soleil mais je n?y ai trouvé que les reflets d?une bien triste vitrine ou triomphent inexorablement de concert le sexe et la trahison.
Ces garçons là ont le mérite d?être honnêtes puisqu?ils ne promettent rien, avertissant d?entrée de jeu qu?ils ne s?engageront pas par la suite. Au fond de moi même, je trouve ce comportement déplorable, minable, mais je me dois de le respecter, de le comprendre, puisque j?ai toujours dit qu?aucun comportement n?était répréhensible dans la mesure ou il concernait deux êtres consentants.
Qui cherche l?amour et la fidélité ? Un deuxième combat s?annonce. Aurais-je cru qu?il serait si difficile de rencontrer un compagnon désireux de construire quelque chose ?
Je me contenterai d?un c?ur brisé à consoler car on peut toujours recoller les morceaux. Même ces coeurs là ont déclaré forfait. Ils sont pulvérisés, réduits à l'état de cendre, divagant dans l'air trop lourd qui nous oppresse dans ces milieux là.
Ces c?urs sont à jamais perdus. Ils ont été violés, trahis, brûlés alors qu?ils donnaient le meilleur d?eux même. Ils n'aimeront plus. Ils ne vivront que pour eux, se nourissant ici et là au détour d'une sombre allée de ceux qu'ils trouveront. Ces blessures là ne se referment jamais. Elles ne cicatrisent pas. On ne les regarde pas, on en fait abstraction. Ce sont les blessures de la honte. Cette maladie d'amour n'est pas une pathologie telle qu'on peut la connaître. Elle anéantie les âmes.
Ce nouveau combat ne dépend pas exclusivement de moi. Je peux le contourner et conserver mon mode de vie actuel, seul face aux autres, enlisé dans ma stérilité.
Je n?ai plus le temps de me poser ces questions. Les questions me fatiguent car on m?en pose toute la journée.
Je vais continuer mon chemin, partageant mon temps entre le travail et le bordel.
Finalement, la petite communauté que nous formons là bas me suffit pour le moment. On y rit beaucoup.
Je ne riais plus depuis longtemps. J?ai peur d?oublier mes souvenirs. Ou es tu mon passé si heureux ?
Cela fait maintenant 10a que je partage ma vie... Il n'y a eu que lui au debut (2/3a) puis par la suite, cela est venu naturellement, nous nous sommes décider a ne pas être refermer sur nous même. J'ai 30a lui 58... comme il dit sa vie est presque finit, la mienne est encore au crépuscule. Nous partageons beaucoup de chose, chacun de son coté ou ensemble. Il n'y a pas d'infidélité.
assez!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! du 09/02/2004
assez lzs mecs de dire que les couples homo sont si different des couples heteros sortez de votre milieu et regardez............l infidelite n est pas exclusive.......loin de la sans contes les mecs mariés qui hantent les lieux de drague et puis qu est ce que ca peut vous faire.........vivez votre vie et faites plus chier ou bien faite une analyse a 40€ la seances vous y apprendrez que la perfection nest pas de ce monde et que c est le jour ou l on s admet tel que l on est on admet les autres de la meme facon et que ce qui compte c est se connaitre pour s accepter puis pour s aimer et donc aimer les autres et sortir donc de l amour fusion destructeur renoncant ainsi au fantasme de perfection...............qui nest pas de ce monde
c'est très bien écrit. Ce détail dans la description des sentiments est touchant. La question qui me vient à l'esprit est: es tu comme eux? Es tu capable de cette pureté que tu appeles de tes voeux?
Tu as tout le mode de vie de cette communauté, pourquoi n'en aurais tu pas les moeurs?
Ton histoire est trop bien écrite, voir trop freudienne. On peux dire les choses plus simplement.
J'en ai assez qu'on dise que l'infidélité fait partie des couples homo. C'est faux de faux.
Que les mecs ne se plaignent pas de l'infidité, qd on accepte, de temps en temps, une partie à trois.
Un véritable couple ne s'amuse pas à sortir ds des boites gays. Si il fait cela c'est qui recherche de nouvelles sensations avec d'autres.
Etre en couple véritablement, c'est s'éclater sexuellement qu'avec son mec.
Bref, certains se disent en couple alors qu'ils ont un pt ami de façade, pour la galerie.
C'est la durée qui montre la fidelité. Regardez vos dicos, un couple c'est deux et uniquement deux.